1er mai : « plus jamais ça ! »

Nos organisations appellent à participer aux mobilisations syndicales pour donner au 1er mai 2020, journée internationale de lutte des travailleuses et travailleurs, un écho tout particulier dans le contexte de crise sanitaire. La pandémie qui se répand dans le monde entier révèle de manière tragique les dérèglements du capitalisme néolibéral et productiviste ainsi que les dysfonctionnements de l’actuelle gouvernance mondiale. La situation nécessite d’affronter ensemble les urgences écologiques, sociales et démocratiques.

mardi 28 avril 2020, par Collectif


 

Les impératifs de santé publique seront à l’honneur de ce 1er mai. Nos organisations appellent à manifester la solidarité avec les travailleurs·euses, en France et dans tous les pays, dont les activités continuent, souvent sans même le matériel de protection nécessaire. La solidarité aussi avec les « invisibles » que la crise a pourtant révélé·e·s comme indispensables, ainsi qu’avec les précaires et les « sans », dont la situation s’est dramatiquement aggravée pendant la crise.

 

Pour tout cela, nous exigeons :

 

  • que la santé de toutes et tous soit une priorité, maintenant et après le 11 mai, date annoncée de sortie du confinement alors même que les conditions sanitaires ne sont pas réunies.
  • que toutes les mesures d’urgence soient prises pour lutter contre les inégalités sociales et pour préserver les droits de chacun·e durant cette période, dont celui d’un travail, d’une alimentation, d’un logement de qualité.
  • que la protection sociale des jeunes soit refondée afin de les faire rentrer dans le droit commun. Les jeunes ne peuvent être ni la variable d’ajustement, ni les oublié.e.s de l’après.
  • que la lutte contre le changement climatique et la protection de la biodiversité soient des priorités pour le plan de relance de l’économie, à la mesure de l’urgence climatique.
  • une solidarité avec les populations des pays pauvres, premières victimes des dérèglements climatiques, touchés par la crise sanitaire alors que leurs systèmes de santé et leurs services publics sont encore moins préparés que le nôtre à faire face à cette pandémie, sous la menace de crises alimentaires émergentes, passant en premier lieu par l’annulation de leur dette extérieure et le versement de financements additionnels d’urgence.
  • que les multinationales s’assurent du respect des droits humains et de conditions de travail décentes pour les travailleuses et travailleurs employé·e·s par leurs filiales, fournisseurs et sous-traitants à travers le monde plutôt que de les laisser sans revenus, aides ou protections sociales, les rendant plus vulnérables aux risques d’exploitation plutôt que de verser des dividendes à leurs actionnaires.

 

Le monde d’après doit enfin appliquer l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Ce sont souvent des femmes, dans l’ensemble du secteur de la santé et du social, dans les services publics, dans les commerces, dans l’agroalimentaire, qui ont sauvé des vies, ont permis de nous alimenter, ont assuré des missions de protection de la population et ont permis à notre pays de tenir alors qu’elles sont toujours bien moins payées que les hommes : il est temps de reconnaître leur investissement.

 

Le monde d’après ne doit pas non plus se solder par de nouvelles régressions des droits démocratiques. De ce point de vue, en France comme ailleurs conscient·e·s de la nécessité de respecter toutes les mesures de confinement nécessaires, nous ne sommes pas moins indigné·e·s des violences policières, des contrôles abusifs, des atteintes à la protection des données personnelles et de la vie privée, de la violation des droits des migrant·e·s

 

Lors de ce 1er mai, nous manifesterons aussi pour exiger un plan de relocalisation solidaire et écologique des activités de l’industrie, de l’agriculture et des services :

 

  • « plus jamais » des travailleur·euses mis·e·s en concurrence et appauvri·e·s !
  • « plus jamais » la dépendance aux marchés internationaux comme le manque de masques, de sur-blouses et de médicaments,
  • « plus jamais » les produits qui font le tour de la planète engendrant pollutions et émissions de gaz à effet de serre !
  • Et « plus jamais » la captation des ressources naturelles du Sud au seul profit des transnationales des pays riches.

 

Pour que le jour d’après ne soit plus comme le jour d’avant, tout soutien public aux entreprises doit d’ores et déjà être conditionné à une reconversion écologique et sociale, qui nous permettra de créer des centaines de milliers d’emplois de qualité en France. Le gouvernement ne doit pas remettre en cause, sous l’influence des industries polluantes, les engagements et les objectifs environnementaux, déjà très en dessous du niveau exigé par l’urgence climatique. Il doit aussi suspendre les ventes d’armes qui alimentent les conflits et le terrorisme, et réfléchir à abandonner la dissuasion nucléaire coûteuse et plus dangereuse qu’efficace. Nous exigeons que la lutte contre le changement climatique et la protection de la biodiversité soient des priorités pour le plan de relance de l’économie, et qu’elles soient à la mesure de l’urgence climatique.

 

Lors de ce 1er mai, nous manifesterons encore pour obtenir un plan de développement de tous les services publics et une revalorisation des métiers d’utilité publique :

 

  • « plus jamais » les hôpitaux débordés du fait des fermetures de lits et du manque de soignant.e.s,
  • « plus jamais » d’une recherche publique manquant de crédits,
  • « plus jamais » des services publics exsangues,
  • « plus jamais » des Ehpad délaissés,
  • « plus jamais » des personnes sans revenu et en précarité alimentaire.
  • « plus jamais » de fausses excuses quant au manque de budget public pour les financer, alors qu’une fiscalité plus juste (y compris sur la fortune / le patrimoine), une véritable lutte contre l’évasion fiscale et la transformation de la dette publique en dette perpétuelle à taux zéro par la BCE en donneraient les moyens.

Même confiné·e·s, manifestons toutes et tous le 1er mai, depuis chez soi, avec des pancartes, banderoles ou en envahissant les réseaux sociaux. Rendons visibles, exprimons ce que nous voulons en France comme ailleurs : un changement de cap, pour un futur écologique, social, féministe et démocratique !

Découvrez toutes les infos et matériels pour vous mobiliser le 1er mai.


Non aux expulsions à Notre Dame des Landes

Face à la violence policière et aux expulsions, nous appelons à la résistance, dans l’unité. Non aux expulsions, la ZAD vivra.

Après l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le gouvernement affiche son obstination en expulsant une partie des habitants de la ZAD. Loin des journalistes, interdits de pénétrer sur la zone, les forces de l’ordre ont commencé à évacuer et à détruire cette nuit de nombreux lieux de vie. Alors que la préfecture de Loire-Atlantique prétendait chercher une solution apaisée, c’est la violence de l’État qui se manifeste aujourd’hui. Cet État qui cherche à diviser les habitants de la zone à défendre, alors que tous et toutes ont construit à travers à les résistances, un de ces nombreux autres mondes possibles. Le gouvernement refuse ainsi une sortie pacifique du conflit, comme cela avait pu être possible au Larzac dans les années 1980, et revient sur ses propres engagements en expulsant le lieu Les Cent Noms ; ce dernier devint pourtant être préservé de l’expulsion puisque faisant partie des projets agricoles reconnus.

Face à la violence policière et aux expulsions, nous appelons à la résistance, dans l’unité. Non aux expulsions, la ZAD vivra. Nous appelons à nous mobiliser en se rendant à Notre-Dame-des-Landes, ou en rejoignant les rassemblements locaux qui dès aujourd’hui vont se multiplier.


Une réforme de la SNCF qui n'a aucune légitimité démocratique

Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron en avait fait un argument majeur de sa candidature : contrairement à ses prédécesseurs, il annoncerait les mesures qu’il appliquerait une fois élu. Les Français sauraient donc à quoi s’attendre. Or, moins d’un an après son élection, voici qu’il met en chantier une réforme, ou plutôt une contre-réforme, majeure qui n’a jamais été soumise au vote de nos concitoyen.es. Elle engage la privatisation de la SNCF, le dépérissement du service public du rail, déjà par ailleurs bien entamé, et la fin du statut des cheminots.

Ce projet n’a donc aucune légitimité démocratique. Il en a d’autant moins que le gouvernement veut le faire adopter par ordonnances, réduisant ainsi les droits du Parlement à portion congrue, alors même qu’il dispose d’une majorité pléthorique à l’Assemblée. Cette privatisation annoncée, couplée avec l’ouverture totale à la concurrence, c’est la cohésion territoriale, déjà fragilisée, qui est en danger de mort avec la fin programmée du service public ferroviaire.

 

Elle se traduira par la fermeture des lignes non rentables, notamment les petites lignes de desserte locale, une augmentation des tarifs, un entretien du réseau encore plus défectueux car les entreprises privées, poussées par la recherche d’une rentabilité financière toujours plus grande, ont toujours tendance à rogner sur la sécurité. L’exemple du Royaume-Uni est de ce point de vue emblématique : suite à la privatisation, les incidents et les retards se sont multipliés, les tarifs ont fortement augmenté, et l’État britannique a été obligé de verser chaque année 4,6 milliards d’euros de subventions aux compagnies privées qui n’ont pas assez investi. Les enquêtes d’opinion montrent régulièrement qu’une très large majorité de la population est favorable à une renationalisation. 

 

De plus, alors qu’il serait nécessaire de développer le transport ferroviaire dans la perspective de la transition écologique, rien n’est prévu pour un rééquilibre de la route vers le rail. Pire une privatisation de la SNCF, qui verrait la rentabilité financière devenir le critère absolu, serait un obstacle de taille à un tel processus.

 

L’ampleur de la dette est évoquée régulièrement comme un argument pour justifier ce projet. Mais, au-delà même du fait que l’essentiel de cette dette est le produit du financement des grandes infrastructures qui auraient dû être prises en charge par l’État, quel rapport y a-t-il avec le projet qui nous est présenté ? La dette ne va pas disparaître comme par enchantement avec le changement de statut de la SNCF et les économies induites par la fin du statut des cheminots - entre 100 et 150 millions d’euros à l’horizon de 10 ans - sont dérisoires par rapport à son montant.

 

Le personnel de la SNCF est aujourd’hui montré du doigt, traité de privilégié, alors même que la grille salariale commence à 1219 euros brut et que les conditions de départ à la retraite ont été notablement durcies ces dernières années. Or, le statut des cheminots permet un recrutement aussi rigoureux que possible, le contrôle des agents, l’encadrement de la durée et de la pénibilité de leur travail, ce qui est décisif du point de vue de la sécurité des usagers. En fait, après la loi travail qui a affaibli considérablement les droits des salariés du secteur privé, c’est maintenant au tour des salariés à statut - les fonctionnaires sont aussi menacés - d’être dans le viseur du gouvernement.

 

En s’en prenant aux cheminots, Emmanuel Macron espère, s’il l’emporte, casser tout esprit de résistance face à sa volonté de restructurer en profondeur la société française pour y appliquer les recettes néolibérales. Ce dont il est question est donc la nature même de la société dans laquelle nous voulons vivre. Voulons-nous vivre dans une société où les droits sociaux seraient réduits à néant, où les services publics auraient disparu, où l’inégalité de traitement des territoires serait la règle ? Ou, au contraire, voulons-nous une société plus juste, plus solidaire, plus égalitaire ? C’est pour cela que l’avenir de la SNCF nous concerne toutes et tous et que nous nous engageons à soutenir le combat des cheminots.

Tribune à l’initiative d’Attac et de la Fondation Copernic

P.-S.

Liste complète des signataires

Louis Adam, commissaire aux comptes ; Christophe Aguiton, chercheur en sciences sociales ; Ana Azaria, présidente de l’organisation de Femmes Egalité, Daniel Bachet, sociologue ; Etienne Balibar, philosophe ; Ludivine Bantigny, historienne ; Louis-Marie Barnier, sociologue ; Lorenzo Barrault-Stella, sociologue ; Nicole Benyounes, médecin ; Stéphane Beaud, sociologue (université de Poitiers) ; Nicolas Béniès, économiste ; Gisèle Berkman, essayiste (Collège international de philosophie) ; Eric Berr, économiste (université de Bordeaux) ; Jacques Bidet, philosophe ; Philippe Blanchet, professeur (université Rennes-II) ; Catherine Bloch-London, sociologue ; Stéphane Bonnéry, sciences de l’éducation (université Paris-VIII) ; Sylvain Bordiec ; Nicole Borvo Cohen-Seat, sénatrice honoraire de Paris ; Samuel Bouron, sociologue ;Philippe Boursier, professeur de sciences économiques et sociales ; Michel Cabannes, économiste ; Louison Cahen-Fourot, économiste ; Claude Calame, anthropologue (EHESS) ; Jean-Louis Camus, Fédération nationale des associations d’usagers du transport Limousin ; Bernard Cassen, président d’honneur d’Attac ; Patrick Chamoiseau, écrivain ; Léo Charles, économiste (université Rennes-II) ; Christophe Charles, historien, professeur Paris-I ; Séverine Chauvel, sociologue ; Henri Chazelle ; François Chesnais, économiste ; Françoise Clément, économiste ; Patrick Cohen-Seat, président honoraire d’Espace Marx ; Jean-Baptiste Comby, sociologue ; Bernard Convert, directeur de recherche CNRS émérite ; Philippe Corcuff, sciences politiques (IEP Lyon) ; Laurent Cordonnier, économiste (université de Lille) ; Jacques Cossart, économiste ; Alain Coulombel, secrétaire national adjoint EELV ; Patrick Coulon, journaliste ; Pierre Cours-Saliès, professeur émérite (université Paris-VIII) ; Thomas Coutrot, économiste ; Robert Crémieux, Mouvement national des chômeurs et précaires ; Alexis Cukier, philosophe ; Laurence De Cock, coordinatrice de la Fondation Copernic ; Pierre Dardot, sociologue ; Christian de Montlibert, sociologue ; Christian Delarue, altermondialiste ; Bruno Della Sudda, militant autogestionnaire et altermondialiste ; Jean-René Delepine, membre du Conseil d’administration de SNCF Réseau ; Gilles Deloustal, Conseil scientifique d’Attac ; Marilza Demelo-Foucher, (Attac) ; Michel Desmars, maire du Verdier (Tarn) ; Renato Di Ruzza, professeur émérite (université d’Aix-Marseille) ; Marnix Dressen, professeur des universités ; Jean-Michel Drevon, Convergence des services publics ; Jean-Numa Ducange, historien ; Victor Duchesne, économiste ; Cédric Durand, économiste ; Eloïse Durand, anthropologue ; Nicole Edelman, historienne (université de Nanterre) ; Didier Epsztajn, animateur du blog : entre les lignes entre les mots, Anne Eydoux, économiste (CNAM) ; Patrick Farbiaz, Ecologie Sociale Jean-Michel Faure, professeur émérite (université de Nantes) ; Caroline Fayolle, historienne (université de Montpellier) ; Fabrice Flipo, philosophe ; Anny Fradin, biologiste ; Geneviève Fraisse, philosophe, CNRS ; Maryse Gadreau, économiste (professeure émérite) ; Jean Gadrey, économiste ; Isabelle Garo, enseignante de philosophie ; Franck Gaudichaud, enseignant-chercheur (université Grenoble-Alpes) ; Jacques Généreux, économiste ; Susan George, écrivaine ; François Gèze, éditeur ; Karl Ghazi, coprésident de la Fondation Copernic ; Ariane Ghirardello, économiste ; Jérôme Gleizes, économiste (université Paris-XIII) ; Olivier Grojean, maître de conférences, science politique (Paris-I - Panthéon-Sorbonne) ; Janette Habel, coprésidente de la Fondation Copernic ; Jean-Marie Harribey, économiste ; Rima Hawi, économiste ; Ingrid Hayes, historienne (université de Nanterre) ; Michel Husson, économiste ; Anne Isla, économiste ; Florence Jany-Catrice, économiste (université de Lille) ; Fanny Jedlicki, enseignante-chercheuse (université du Havre) ; Esther Jeffers, économiste ; Anne Jollet, historienne (université de Poitiers) ; Marie Jonathan, économiste ; Florence Joshua, maîtresse de conférences (université Paris-Nanterre) ; Razmig Keucheyan, philosophe ; Pierre Khalfa, économiste ; Michel Koebel, professeur (université de Strasbourg) ; Isabelle Krzywkowski, universitaire ; Bernard Lacroix, professeur émérite de science politique (université de Nanterre) ; Dany Lang, enseignant-chercheur en économie (Paris-XIII) ; Bernard Langlois, journaliste ; Mathilde Larrère, historienne ; Catherine Laurent, chercheuse ; Christian Laval, sociologue ; Marc Lavoie, économiste ; Florence Lauzier, médecin ; Frédéric Lebaron, sociologue ; Francis Lebon ; Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire ; Patrick Le Moal, ancien inspecteur du travail ; Remy Lefebre, sociologue ; Claire Lemercier, directrice de recherche au CNRS ; Serge Lequeau, syndicaliste ; Nadine Levratto, économiste ; Danièle Linhart, sociologue du travail ; Alain Lipietz, économiste ; Michael Löwy, sociologue au CNRS retraité ; Corinne Luxembourg, géographe ; Christian Mahieux, ex-membre du Conseil d’administration de la SNCF ; Henri Maler, maître de conférences retraité ; Jean Malifaud, universitaire ; Jean-Claude Mamet, blog www.syndicollectif.fr, Marc Mangenot, économiste ; Sophia Mappa, psychanalyste ; Jonathan Marie, économiste (université Paris-XIII) ; Philippe Marlière, politiste ; Pascal Martin, sociologue ; Igor Martinache ; Christiane Marty, ingénieure-chercheuse ; Olivier Masclet, enseignant-chercheur (université Paris-Descartes) ; Michel Maso, directeur de la Fondation Gabriel Péri ; Gustave Massiah, économiste ; Gérard Mauger, sociologue ; Guillaume Mazeau, historien (université Paris-I) ; Dominique Méda, sociologue ; Daniel Mermet, journaliste ; Olivier Michel, universitaire ; Julian Mischi, sociologue ; Bénédicte Monville, Conseillère régionale Île-de-France ; Robi Morder, juriste ; Jean-Loup Motchane, Conseil scientifique d’Attac ; Jean-Paul Nail, auteur-photographe ; Olivier Neveux, enseignant-chercheur ; Farid Ounissi, juriste en droit social ; Florence Palpacuer, économiste, professeure (université de Montpellier) ; Guillaume Pastureau, économiste ; Willy Pelletier, coordinateur de la Fondation Copernic ; Jacqueline Pénit, Attac ; Claude Pennetier, codirecteur du Maitron, chercheur au CNRS ; Irène Pereira, sociologue ; Rozenn Perrot, économiste ; Nathalie Pierrard, membre du Conseil d’administration de SNCF Mobilités ; Monique Pinçon-Charlot, ancienne directrice de recherche au CNRS ;Michel Pinçon, ancien directeur de recherche au CNRS ; Louis Pinto, sociologue ; Dominique Plihon, porte-parole d’Attac ; Claude Poliak, sociologue ; Nicolas Postel, économiste ; Raphaël Pradeau, porte-parole d’Attac ; Romain Pudal, sociologue (CNRS) ; Daniel Rallet, syndicaliste ; Emmanuel Renault, professeur de philosophie (université Paris-Nanterre) ; Emmanuelle Reungoat, MCF en science politique ; Judith Revel, professeure de philosophie (université Paris-Nanterre) ; Jacques Rigaudiat, économiste ; Ellen Riot, économiste (université de Reims) ; Michèle Riot Sarcey, historienne ; Daniel Rome, économiste ; Joseph Rossignol, ancien député-maire du Val-de-Marne économiste ; Gilles Rotillon, économiste (université Paris-Ouest) ; Catherine Samary, économiste ; Véronique Sandoval, économiste ; Benoit Schneckenburger, philosophe ; Pascal Seppecher, chercheur ; Claude Serfati, économiste ; Patrick Silberstein, éditeur aux éditions Syllepse ; Rachel Silvera, économiste (université Paris-Nanterre) ; Richard Sobel, économiste ; Henri Sterdyniak, économiste ; Philippe Sultan, ancien élève de l’ENA ; Yamina Tadjeddine Fourneyron, économiste (université de Lorraine) ; Bruno Theret, économiste (CNRS) ; Julien Théry, historien ; Laurent Thévenot, sociologue (EHESS) ; Michel Thomas, professeur émérite ; Rémy Toulouse, éditeur ; Josette Trat, sociologue ; Stéphanie Treillet, économiste ; Julien Troccaz, membre du Conseil d’administration de SNCF Réseau ;Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac ; Christophe Ventura, animateur de Mémoire des luttes ; Daniel Vergnaud, Observatoire des mouvements de la société ; Louis Weber, éditeur ; Abderrahim AFARKI, Bibliothécaire ; David Flacher, économiste ; Georges Menahem, économiste ; Evelyne Perrin, économiste.



Manifeste contre le gazoduc transfrontalier PO/AUDE

Le projet MidCat ressurgit sous un autre nom STEP (South Transit East Pyrénées), un autre format, et dans une concertation préalable précipitée portée par la société TIGF (Transports et Infrastructures Gaz France) pour en faciliter l’implantation, mais avec les mêmes objectifs. Un gazoduc d’interconnexion qui irait de la frontière espagnole jusqu’à Barbaira près de Carcassonne, en traversant le Roussillon et l’Aude.
Une infrastructure au coût annoncé, de l’ordre de 290M€. Ce gazoduc est inscrit dans les projets d’intérêt commun (PIC) européens et de ce fait est éligible à d’importants financements publics européens. L’objectif du projet d’interconnexion gazière promue par l’État espagnol est d’accroître fortement la capacité d'exportation de gaz "naturel" de la péninsule ibérique vers l'Europe pour trouver des
débouchés au gaz importé via ses terminaux méthaniers gaz, pourrait inclure du gaz de schiste provenant du nord du Sahara, dont l’exploitation par la fracturation hydraulique est interdite en France.

Pour télécharger et l'intégralité du manifeste signé par ATTAC66 et ATTAC France et d'autres organisations,voir ci-dessous.

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Manifeste contre le gazoduc transfrontalier
Manifeste contre le gazoduc transfrontal
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Liste des signataires

 

Associations et organisations Locales

 

Alternatiba66,Amis de la Terre,ATTAC66,EnCommun66,Frene66,Ligue des droits de l’Homme66,CatEnr, Vallespir Terres Vivantes,Confédération Paysanne 66,Confédération Paysanne 11,,(Agissons !),Collectif non à la THT),(Conflent énergie),(Defensa de la Tierra),(CEBTA),Solidaires66

 

 

Associations et organisations Nationale

 

Amis de la Terre France,Attac,Confédération paysanne,FNE Languedoc-Roussillon,Ligue des droits de l’Homme,Solidaires

 

350.org

 

 

Partis, associations et Organisations politiques signataires du manifeste soutiens du collectif

 

AGAUREPS-PROMETHEE (association pour le gauche républicaine et sociale),EELV,NPA,Parti de gauche,Des Insoumis de la France Insoumise,PCF66,CNT66 (Confédération Nationale du Travail des PO),RCP66 (rassemblement citoyen et politique des PO)

 

Pour signer la pétition, cliquez ici.


#AppleContreAttac : signez l’appel pour la justice fiscale

mardi 23 janvier 2018, par Attac France

Depuis plusieurs mois, Attac mène des actions citoyennes pour dénoncer l’évasion fiscale massive pratiquée par Apple. La marque à la pomme, qui ne paye quasiment aucun impôt en France, nous assigne en référé et demande à la justice française une astreinte bâillon de 150 000 € pour toute future action ciblant un magasin Apple Store.

Seule, l’association Attac ne peut pas lutter contre l’empire Apple, sa puissance financière et son armée d’avocat·e·s. Alors que les scandales fiscaux se multiplient et que les États sont incapables de prendre les mesures nécessaires, nous avons besoin de votre aide pour montrer qu’Attac agit dans l’intérêt général en dénonçant l’impunité fiscale dont jouissent les multinationales comme Apple.

Signez cet appel et faites le signer autour de vous pour que nous puissions nous présenter le 12 février prochain devant le tribunal de grande instance de Paris, fort du soutien de dizaines de milliers de personnes.

Ensemble, réclamons la justice fiscale.

Pour signer l'appel, cliquez sur l'image


#ProcesCarpentras : Attac restitue au Trésor public les chaises réquisitionnées chez BNP Paribas

vendredi 19 janvier 2018, par Attac France

40 militant·e·s ont participé à une action symbolique à Carpentras (84) ce vendredi 19 janvier. Alors que Nicole Briend passera en procès le 6 février pour « vol en réunion » suite à une action de réquisition de chaises en mars 2016 dans l’agence BNP Paribas de Carpentras, les militant·e·s d’Attac, mais aussi des organisations soutenant Nicole, ont restitué les trois chaises réquisitionnées au Trésor public. Sur chaque chaise remise à des syndicalistes de Solidaires Finances publiques, un panneau précisait : « ce siège est un acompte de la banque BNP Paribas au Trésor public sur le montant de l’évasion fiscale qu’elle pratique et qu’elle doit à la société ».

Nicole Briend explique pourquoi rendre les chaises au Trésor public : « nous avions dit à BNP Paribas que nous lui rendrions ses chaises quand elle aurait fermé ses filiales dans les paradis fiscaux. Les actions des Faucheurs de chaises ont permis une victoire symbolique, puisque la banque a fermé ses filiales aux îles Caïmans. Mais BNP Paribas reste aujourd’hui la banque française la plus implantée dans les paradis fiscaux. Elle permet à ses clients d’échapper à l’impôt et pratique l’évasion fiscale pour son propre compte. Elle réalise 27,8 % de ses bénéfices dans les paradis fiscaux, alors qu’elle n’y a que 15,8 % de ses employé·e·s. Nous avons donc rendu ces chaises au Trésor public, car les recettes publiques sont fortement amputées par l’évasion fiscale. Par ce geste, nous voulons aussi affirmer que notre action de réquisition de chaises ne s’apparente pas à du vol et nous posons la question : qui vole qui dans cette affaire ? Qui porte préjudice à la société ? les militants qui dénoncent l’évasion fiscale ou BNP Paribas qui l’organise ? »

200 personnalités ont apporté leur soutien à Nicole Briend et affirment que son action est légitime. Plus de 12 000 personnes ont signé une pétition demandant sa relaxe. Raphael Pradeau, porte-parole d’Attac France, a donné rendez-vous à Carpentras les 5 et 6 février : « pour un grand rassemblement de soutien, avec notamment la présence de Cedric Herrou (Roya Citoyenne), Jon Palais (Faucheur de chaises acquitté à Dax en janvier 2017), Elsa Faucillon (députée communiste), Adrien Quatennens (député de la France insoumise)… Nous invitons tou·te·s les citoyen·ne·s scandalisé·e·s par l’évasion fiscale à nous rejoindre : alors que les scandales fiscaux se multiplient, il est intolérable que ce soient ceux qui dénoncent l’évasion fiscale qui se retrouvent devant les tribunaux, alors que les banques et les multinationales jouissent d’une impunité quasi totale. »


Victoire : abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Que la Zad vive et s’enracine !

mercredi 17 janvier 2018, par Attac France

Depuis des années, Attac s’est engagée dans la lutte, vieille de près de 50 ans, contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Nous avons toujours dénoncé ce projet inutile – il est possible de mettre à niveau l’aéroport existant –, nuisible – il est destructeur de terres agricoles et de la biodiversité du bocage –, dévoreur d’argent public au profit de Vinci, et en contradiction complète avec la lutte contre le changement climatique… Nos militant·e·s locaux ont participé activement à l’incroyable résistance sur la Zone à défendre (Zad) et partout en France, dans les 200 comités de soutien.

Cette résistance face au projet d’aéroport a tenu et s’est élargie : c’est un grand succès face au défaitisme et aux forces pro-aéroport – l’État, certaines collectivités territoriales, Vinci et les intérêts financiers liés... Bien avant le début de la médiation décidée par Emmanuel Macron, l’ensemble des composantes du mouvement anti-aéroport se sont engagées dans la gestion collective des terres et des communs (air, eau, fossés, haies, chemins, bois…).

L’abandon du projet d’aéroport annoncé par le gouvernement ce mercredi 17 janvier est donc, pour tou·te·s les opposant·e.s, un formidable acquis de la lutte collective, porteur d’espoir pour d’autres luttes. Ce n’est toutefois qu’une première étape. Attac France soutient les demandes portées collectivement par l’ensemble du mouvement contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, autour du texte dit « Les 6 points pour l’avenir de la Zad » [1], notamment le gel de l’attribution des terres libérées, l’arrêt des expulsions et destructions de la Zad, la fin des procédures judiciaires envers les opposant·e·s, etc.

Attac France soutient l’éclosion et le foisonnement des alternatives menées sur la Zad, prémices d’un autre monde, fondées sur d’autres formes de production et de consommation et sur la solidarité. Cette solidarité s’exprime non seulement sur la Zad, mais aussi avec d’autres luttes : sans-papiers, migrant·e·s, résistances contre différents Grands projets inutiles et imposés, en France et dans d’autres pays.

Sans la Zad, l’aéroport aurait été construit : son apport à la victoire est inestimable et implique solidarité et soutien de notre part, comme l’exprime la déclaration commune de nombreuses associations, ONG et syndicats publiée récemment.

Nous appelons Emmanuel Macron et le gouvernement à suspendre immédiatement le projet visant à évacuer toute ou partie de la Zad par une opération militaro-policière.
Nous appelons aux rassemblements locaux de soutien à la Zad et à rejoindre massivement la mobilisation du 10 février à Notre-Dame-des-Landes, dans le bocage, pour « enraciner l’avenir sur la Zad ».


Attac inaugure à sa manière le nouveau siège de La République en marche !

Pour des « fainéants », ils se sont levés tôt ! Mardi 19 septembre, 30 militant·e·s d’Attac ont inauguré à leur manière les nouveaux locaux du parti d’Emmanuel Macron en les rebaptisant « La Régression en marche ! ». À 8 h 30, des travailleurs/euses jetables sont arrivé·e·s devant le 63 rue Saint-Anne à Paris, en tirant un président jupitérien sur son pupitre à roulettes. Ils/elles ont mis en scène le discours cynique du président qui prétend « libérer le travail » alors que ses ordonnances constituent une régression historique qui généralise le travail jetable.

Les dispositions prévues dans cette réforme : contrat de projet, plafonnement des indemnités prud’homales, référendum d’entreprise sur initiative patronale ou encore « licenciement sui generis », sont autant de mesures qui constituent une attaque sans précédent contre les salarié·e·s. C’est le rêve des meilleurs amis du nouveau président, le Medef : pouvoir se séparer d’un·e salarié·e aussi vite que d’un titre financier. Une vision du monde à très court terme et à travers les lunettes de la finance, que combat depuis des années notre association.

Pour Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac France : « Derrière cette réforme, ce sont toujours les mêmes idées reçues : le coût du travail est trop élevé, si les embauches sont limitées, c’est parce qu’il est trop compliqué de licencier. En réalité, les PME, si chères au nouveau président, n’ont pas besoin ce cette nouvelle loi Travail pour embaucher. Elles ont surtout besoin qu’on les aide à remplir leurs carnets de commandes. Ce gouvernement est prompt à dénoncer le coût supposé trop élevé du travail, mais observe un silence absolu sur le coût du capital, quand on sait que les entreprises du CAC 40 ont reversé 46 milliards d’euros à leurs actionnaires en 2016. »

Face à des politiques destructrices et qui favorisent toujours une même minorité, Attac appelle à continuer à se mobiliser partout en France, lors des journées de grèves et de manifestation, et poursuivre les actions pour dénoncer cette « loi Travail jetable » en ciblant les députés du parti de « La Régression en marche ».


Muriel Pénicaud, ministre des licenciements boursiers

Jeudi 27 juillet, l’Humanité a révélé comment la ministre du Travail du gouvernement Macron, a gagné 1,13 million d’euros en un jour, grâce au licenciement de 900 personnes. Ex-directrice générale des ressources humaines du groupe Danone, Muriel Pénicaud a profité de l’annonce d’un plan social au sein du groupe pour revendre ses participations en bourse.

Cette révélation est une nouvelle illustration de l’adhésion totale du gouvernement d’Emmanuel Macron aux logiques financières spéculatives, qui détruisent les emplois et menacent nos sociétés. Le plan social qui a permis à la ministre du Travail d’empocher l’équivalent de 80 ans de SMIC en moins de 24 heures a été organisé dans un contexte de bonne santé financière : Danone venait même de battre le record de son chiffre d’affaires ! Le plan social a servi à augmenter les marges déjà élevées du groupe et à doper les dividendes des actionnaires, qui ont bondi de 4,3 % à l’annonce du plan social.

Ce sont les mêmes logiques néfastes qui sous-tendent le projet de « loi Travail XXL » du gouvernement Macron, défendu par Muriel Pénicaud. À la clé : facilitation des licenciements, généralisation les contrats précaires, réduction des recours des salarié·e·s face aux abus des employeurs…

Il est urgent de rompre avec ces orientations dangereuses qui reviennent à précariser l’ensemble de la société pour mieux servir les intérêts des financiers et des multinationales. C’est pourquoi nous nous opposons au projet de « loi Travail XXL » et nous mobiliserons pour empêcher son passage en force par ordonnances dès la rentrée.

Alors que la France est championne d’Europe en matière de distribution de dividendes, il serait plus judicieux de faire voter une « loi capital » qui, par exemple, interdise les licenciements boursiers et permette de revoir les modes de rémunération des dirigeants d’entreprise : les rémunérations par stock-options conduisent en effet à privilégier des arbitrages de court-terme favorables aux actionnaires et détenteurs de stock-options plutôt que des décisions favorables à l’emploi, la qualité du travail et l’environnement.


Libérer le travail : oui mais pas comme çà !

Avec ses ordonnances, Emmanuel Macron dit vouloir « libérer le travail ». Il a raison ! C’est vrai que le travail est emprisonné dans les injonctions de rentabilité et les logiques financières.

Il est urgent de redonner du pouvoir de décision aux salariés face aux employeurs, il est urgent de desserrer l’emprise des actionnaires par de nouveaux droits pour les travailleurs et les usagers.

Le projet d’ordonnances fait exactement l’inverse : il veut plier toujours plus le travail aux exigences du patronat et de la finance.

Libérer le travail, c’est lui redonner du sens, c’est soutenir la créativité des travailleurs, c’est leur accorder le pouvoir de ralentir des cadences devenues folles et de s’opposer aux objectifs impossibles, c’est leur donner une maîtrise dans les restructurations qui ferment leur avenir, c’est leur permettre de refuser les miettes d’emplois, les jobs jetables et mal payés qui précarisent leur vie.

Libérer le travail implique d’accorder aux salariés et à leurs représentants de nouveaux droits pour un travail plus vivable et plus sain, pour une société plus juste et pour la planète.

 

Les ordonnances Macron prévoient tout le contraire !

  • Priorité aux accords d’entreprise : c’est là où les rapports de force sont les plus défavorables aux salariés que seront négociées les conditions de travail et d’emploi (temps de travail, santé au travail, etc.), au mépris des normes d’ordre public ou des accords de branche
  • Affaiblissement des représentants des salariés : fusion des instances représentatives du personnel, extension des possibilités de recours au référendum d’entreprises pour contourner les décisions syndicales
  • Sécurité pour les employeurs : plafonnement des indemnités prudhommales pour licenciement abusif, réduction des délais de recours, etc.
  • Précarité pour les salariés : extension des contrats de projet (ou « de chantier ») à d’autres secteurs que le bâtiment, extension des possibilités de recours à l’intérim et au CDD, ouverture des licenciements économiques aux filiales de multinationales affichant de bons résultats à l’échelle mondiale
  • Avec les ordonnances, Macron veut court-circuiter les syndicats et les parlementaires pour imposer la feuille de route du Medef.

Ces ordonnances font le lit de politiques qui œuvrent à détruire l’emploi.

Les réformes qui depuis plus de 30 ans ont flexibilisé l’emploi en France n’ont pas permis de lutter efficacement contre le chômage. Au contraire, elles ont précarisé l’emploi, aliéné le travail et fragilisé l’économie.

 

Il est plus que temps de mettre fin à ces politiques !


Pour un droit du travail protecteur des travailleuses et travailleurs !

Attac a décidé de se mobiliser pour une réforme du droit du travail qui renforce la protection des travailleuses et des travailleurs et simplifie réellement le droit du travail, à rebours de la feuille de route gouvernementale récemment annoncée. Cette nouvelle réforme Macron-Pénicaud risque en effet d’aller beaucoup plus loin encore dans la logique néolibérale que la loi El Khomri combattue l’an dernier. De surcroît, le gouvernement veut aller vite et boucler ce dossier avant la fin de l’été, en procédant par ordonnances.

 Certes, le projet du gouvernement n’est pas encore connu officiellement. Et la ministre du travail affirme qu’il fera l’objet d’une « co-construction » avec tous les acteurs sociaux. Pourtant, le document fuité par Libération le 7 juin dernier, qui donne à voir les premières intentions du cabinet ministériel, doit d’ores et déjà nous alerter. Ses prémisses idéologiques sont claires : « il est faux de dire que les normes protègent », affirme-t-il, pour appeler aussitôt à une « évolution radicale [du droit du travail] pour créer une meilleure fluidité du marché du travail » ! Assouplir le code du travail pour favoriser l’emploi : l’argument a été ressassé l’an dernier. Il était faux, il le reste aujourd’hui : aucune étude n’a jamais permis de démontrer un tel lien, le FMI ayant lui-même conclu que « la réglementation du marché du travail n’a pas d’effets statistiquement significatifs sur la productivité » [1]

 

Le document fuité par Libération indique également un intérêt prononcé du ministère pour une extension quasi illimitée du domaine des négociations dans l’entreprise. Il s’agirait d’étendre très largement le champ des dérogations possibles à la hiérarchie des normes, y compris dans des domaines où il n’en a jamais été question jusqu’ici : le contrat de travail, la durée du travail, la santé et la sécurité, le salaire et l’emploi.

 

   La hiérarchie des normes est un principe juridique qui, en droit du travail, implique qu’un accord d’entreprise ne peut qu’être plus favorable aux salarié·e·s qu’un accord de branche, qui lui-même ne peut qu’être plus favorable que la loi. Le code du travail spécifie donc un ensemble de garanties minimales pour les salarié·e·s, destinées à les protéger en raison du caractère asymétrique de la relation de travail, qui implique que des personnes, les travailleurs/euses salarié·e·s, soient placées, pour un temps non négligeable, sous l’autorité d’autres personnes (les employeurs). La hiérarchie des normes est articulée à un autre principe fondamental en droit du travail, le principe de faveur, selon lequel en cas de conflit de norme, c’est la plus favorable au salarié qui doit s’appliquer. Il s’agit de favoriser la protection des salarié·e·s. Principe humaniste, donc, qui veut que la société doive viser le développement du bien-être de tou·te·s ses membres. Remettre en cause, pour la plupart des domaines du droit du travail, la hiérarchie des normes et, partant, le principe de faveur, c’est rien moins que modifier la finalité de celui-ci : non plus favoriser la protection des salarié·e·s, mais au contraire, la toute-puissance de l’employeur et de la logique du profit, pour lesquels les droits et les libertés des femmes et des hommes au travail ne seraient plus que des variables d’ajustement.

Il serait donc question désormais de renvoyer à la négociation d’entreprise les domaines évoqués. Aujourd’hui la négociation des salaires au niveau des branches professionnelles permet d’égaliser les conditions de concurrence au sein d’une même branche, redescendre la négociation au niveau de l’entreprise reviendra à détruire le salaire minimum des branches et à faire place au dumping social. Avec à la clé une vraie baisse du pouvoir d’achat des salarié·e·s et une forte augmentation de la précarité.

 

  De même, ouvrir la négociation d’entreprise aux domaines de la santé et de la sécurité au travail, en mettant dans la balance des outils efficaces et pertinents comme le droit d’alerte ou le droit de retrait face à un danger grave et imminent, ce serait démontrer un mépris souverain pour la prévention des risques professionnels, mais surtout mettre en place les conditions pour que se multiplient les accidents du travail, maladies professionnelles et autres atteintes à la santé du fait et à l’occasion du travail. La disparition de la spécificité des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), avec le projet de fusion des instances représentatives du personnel, irait du reste dans le même sens. Soulignons que fusionner les instances revient non seulement à réduire le nombre de représentant·e·s, mais aussi à éloigner encore plus représentant·e·s du personnel et salarié·e·s, là où l’enjeu est au contraire, face aux nouvelles organisations du travail, de développer leur proximité pour mieux prendre en compte le travail réel.

 

   Quant à la possibilité donnée à l’employeur de mettre en place un référendum à sa seule initiative, elle ne reviendrait qu’à contourner les organisations syndicales récalcitrantes, même majoritaires, c’est-à-dire à porter un coup fatal à la démocratie sociale ! De telles mesures ne pourraient aboutir qu’à affaiblir les organisations syndicales et les instances représentatives du personnel et renforcer le pouvoir des employeurs. Pouvoir qui confinerait à la toute-puissance, façon 19e siècle industriel, s’il était donné une suite favorable à la proposition de plafonner les dommages et intérêts versés par les prud’hommes aux salarié·e·s en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse : comment en effet mieux encourager les licenciements abusifs ? Syndicalistes, lanceurs d’alerte ou simples salarié·e·s récalcitrants… n’auront qu’à bien se tenir ! N’oublions pas, pour finir, la révision à la baisse des protections des salarié·e·s en cas de licenciement économique, que le gouvernement semble vouloir là encore promouvoir.

Ces atteintes aux droits toucheront tous les travailleurs/euses, et en premier les plus fragiles et les moins organisés (travailleurs/se des PME sans syndicats, femmes, précaires en CDD et à temps partiel, migrant·e.s, jeunes, séniors, etc.).

 

Attac se mobilisera pour que prévale une autre logique, celle des droits et des libertés individuelles et collectives.


Signez l’appel : « M.Macron, pas de fausses promesses pour la taxe sur les transactions financières ! »

À peine élu, Emmanuel Macron a demandé le report de la discussion européenne sur la taxe sur les transactions financières (TTF) pour donner des gages aux banques françaises. Cette taxe permettrait pourtant de lutter contre la spéculation, à l’origine des crises financières, et de lutter contre le réchauffement climatique dans les pays du Sud.

Avec la majorité des citoyens, nous refusons que la TTF soit sacrifiée sur l’autel de la finance. Nous lançons cet appel à actions pour enjoindre le nouveau président à entériner l’accord européen. Vous pouvez vous engager en signant l’appel et en le diffusant largement autour de vous.

La discussion sur l’adoption de la taxation des transactions financières (TTF) a été retirée de l’ordre du jour de la dernière réunion des ministres de finance de l’UE (ECOFIN) du 22 mai, à la demande de la France.

M. Macron, lors de la campagne présidentielle, vous refusiez l’étiquette d’ancien banquier et de candidat de la finance. A peine élu, vous offrez pourtant une nouvelle victoire aux grandes banques, vent debout contre une mesure dont l’objectif est de lutter contre la spéculation au cœur de leur activité.

Nous déplorons vivement cette obstruction qui saborde le résultat de plus de trois années de négociations, alors que l’un de vos objectifs déclarés est de renforcer la coopération européenne.

L’accord était en vue pour l’adoption du projet de directive sur la TTF, négocié dans le cadre d’une coopération renforcée entre dix pays européens, dont l‘Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Ce projet est soutenu par la plupart des ONG ainsi que par la majorité des citoyens européens, comme le montrent les enquêtes.

Outre la lutte contre la spéculation, cette taxe doit contribuer au financement de la transition énergétique. L’ancien président Hollande avait proposé que les revenus tirés de cette taxe, estimés à environ 35 milliards d’euros, soient en partie utilisés pour abonder le Fonds vert, destiné à aider les pays du Sud à lutter contre le réchauffement climatique dont ils sont les principales victimes.

Voulant profiter du Brexit, les places financières de Paris et Francfort cherchent à prendre des parts de marché à la City britannique. Une de leurs armes, dans la bataille pour tirer parti du Brexit, est d’organiser un véritable dumping fiscal, au profit des grandes banques. M.Macron, en faisant échouer le projet de TTF, vous tomberiez clairement le masque d’un président au service de l’industrie financière, et non de l’intérêt général.

Avec la majorité des citoyens européens en faveur de la TTF, nous refusons que soient sacrifiées sur l’autel de la finance, d’une part, la lutte contre la spéculation, à l’origine des crises financières, et d’autre part, la lutte contre le réchauffement climatique dans les pays du Sud.

Mardi 6 juin, vous avez fait part aux ONG climat, de votre volonté de revenir sur votre décision et vous êtes engagés à mettre en place la TTF européenne d’ici la de l’été.

Nous demandons que transformiez vos paroles en acte en adoptant l’accord préparé par l’Autriche, lors du prochain sommet européen ECOFIN au mois de juillet.

Nous ne voulons pas d’une TTF au rabais !

Dominique Plihon, porte-parole d’Attac France et Peter Wahl, cofondateur d’Attac Allemagne


Vers un traité contraignant pour les transnationales ?

C’est sans doute l’une des négociations internationales les plus importantes de la période : du 24 au 28 octobre 2016, l’ONU a accueilli à Genève une deuxième session de négociations portant sur un éventuel futur Traité international contraignant sur les entreprises transnationales et les droits humains. Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU s’est en effet prononcé en juin 2014 en faveur d’une résolution en ce sens déposée par l’Équateur et l’Afrique du Sud. Adoptée par 20 voix, contre 14 dont la France [1] (et 13 abstentions), cette initiative est bienvenue et justifiée, tant il apparaît urgent de mettre fin à l’impunité dont bénéficient les transnationales et de garantir l’accès à la justice pour les victimes de leurs activités.

Une bataille qui prendra des années

La première session de négociations, qui s’est tenue en juillet 2015, et la réunion du mois d’octobre 2016, ne sont qu’un premier cycle de discussions au cours duquel experts et représentants de la société civile ont l’occasion d’établir un diagnostic devant les représentants des États. Ce n’est qu’en 2017 que ce groupe de travail du Conseil des Droits de l’homme de l’ONU entrera dans le vif du sujet, avec l’examen d’un premier brouillon de Traité rédigé par l’Equateur. Si le Forum économique mondial de Davos ne tremble pas encore, ces négociations divisent fortement : les pays du Sud en soutiennent le principe, avec l’appui des ONG, tandis que les pays de l’OCDE y sont fermement opposés, tout comme les transnationales.

L’enjeu est de taille. Il n’est pas surprenant que l’Equateur soit à la proue de ce processus de négociations. Le scandale Texaco a profondément marqué le pays. La multinationale du pétrole avait en effet délibérément déversé, en pleine jungle et dans des rivières, des millions de tonnes de déchets toxiques liés aux forages et à l’exploitation pétrolière en Amazonie équatorienne entre 1964 et 1990. Condamné par la justice équatorienne pour les activités de sa filiale, qui s’est retirée des sites exploités sans dépolluer, Chevron refuse d’indemniser les victimes et les a même poursuivi en justice pour « extorsion ».

Des transnationales françaises mises à l’index

Emblématique de l’impunité dans laquelle se complaisent les transnationales, le cas Chevron n’est pas isolé. De Bhopal (20 000 morts au moins) au Rana Plaza (1135 morts), nombreux sont les accidents industriels pour lesquels il est difficile d’obtenir une condamnation des transnationales et des réparations pour les victimes. Le sujet ne concerne pas les seuls pays du Sud. Carrefour, Auchan et Camaïeu [2] sont impliqués dans l’affaire du Rana Plaza. Tandis que des sous-traitants de Carrefour, qui reconnaît ne pas procéder à des vérifications sociales jusqu’au bout de ses chaînes d’approvisionnement, sont accusés de recourir au travail esclave en Thaïlande [3].

Mise à l’index chaque année pour ses pratiques d’optimisation fiscale, Total n’est ainsi que relativement peu inquiétée pour les impacts environnementaux de ses activités pétrolières, notamment au Nigéria : il a fallu plus de 13 ans de procédures pour qu’elle soit condamnée pour la catastrophe de l’Erika. Alstom est accusé de corruption au Brésil, et est engagé dans la construction, avec EDF et GDF, de grands barrages en Amazonie qui dévastent des régions entières et bafouent les droits des populations. En Inde, c’est Veolia qui est accusée de profiter de contrats de gestion de l’eau très défavorables pour les populations, tandis que les projets d’Areva sont violemment contestés par les populations locales [4] .

Une impunité voulue par les pouvoirs publics et facilitée par la mondialisation

Cette (relative) impunité n’est pas fortuite. Les accords de l’OMC, et les accords bilatéraux ou régionaux visant à libéraliser le commerce et l’investissement, ont donné aux transnationales – et plus généralement à l’ensemble des entreprises privées – de nombreux droits. Ces politiques ont institué des cadres juridiques qui accordent des protections unilatérales à leurs activités mais qui ne leur imposent aucune obligation. En termes d’impacts sur les populations affectées, ces protections juridiques instituent ce qui est appelé une « architecture de l’impunité » : les transnationales peuvent violer les droits de l’homme et les droits du travail, dévaster l’environnement, sans être, dans la majorité des cas, réellement inquiétées.

Pour attirer des investisseurs internationaux et des bouts d’activités d’entreprises transnationales, de nombreux pays et collectivités territoriales sont prêts à leur accorder un « environnement attractif », y compris en réduisant les mesures de protection du travail ou de l’environnement. La recherche de compétitivité et l’accès aux marchés internationaux sont érigés comme les deux leviers de création de richesse, indépendamment des considérations d’équité et de soutenabilité écologique. Les territoires, les législations et les populations sont ainsi mis en concurrence les uns avec les autres au niveau international.

Les transnationales organisent et dirigent l’économie mondiale

Sous l’emprise de l’autonomie laissée aux marchés internationaux, le pouvoir déclinant des États se confronte au pouvoir grandissant des transnationales qui sont désormais des acteurs majeurs des relations internationales. Bien aidés par l’apparition de nouvelles technologies et par la financiarisation croissante du capitalisme, les transnationales sont devenues des acteurs dominants du droit commercial international et les marchés internationaux deviennent des espaces qui échappent, pour partie, à la juridiction des États. On est passé d’une économie mondiale structurée par les économies nationales à une économie mondiale reposant de plus en plus sur des réseaux de transnationales.

La division internationale du travail a en effet accentué la concentration des échanges entre quelques grandes transnationales. Près de 30% du commerce mondial s’effectue au sein même des transnationales, entre leurs filiales, et les deux tiers du commerce international correspondent à des échanges de biens intermédiaires, et non de produits finis. Acteurs majeurs du commerce international, elles maîtrisent les chaînes mondiales de valeur [5] : selon le rapport de la CNUCED de 2010, 82 000 entreprises transnationales contrôleraient 810 000 filiales. On considère aujourd’hui que sur les cent économies les plus puissantes de la planète, plus de 50 % sont des transnationales [6] , tandis que la maîtrise des importations et exportations est du fait d’une poignée d’entreprises [7]. A peine 737 banques, assurances ou grands groupes industriels contrôlent 80 % de la valorisation boursière des transnationales de la planète [8].

De l’ONU à l’OIT en passant par l’OCDE, primeur aux règles non contraignantes

Devenues les maîtres du jeu, les transnationales évoluent dans un cadre réglementaire international qui leur va comme un gant. Il n’existe pas, au niveau international, d’instrument juridiquement contraignant, pourvu de mécanisme de sanction, pour réguler et contrôler les impacts de leurs activités sur les droits humains et assurer l’accès à la justice pour les victimes. Toutes les expériences en ce sens ont jusqu’ici échoué. Dans les années 1970, sous la triple influence des pays du Sud, devenus numériquement majoritaires, des pays communistes et des milieux syndicaux internationaux, une réflexion sur la « responsabilité sociale » des firmes transnationales émerge progressivement à l’OIT et à l’ONU. Elle débouchera sur la « Déclaration de principes tripartite sur les entreprises transnationales et la politique sociale », adoptée en 1977 au sein de l’OIT, mais elle restera sans suite dans le cadre de l’ONU.

En parallèle, l’OCDE s’est également saisie de la question au début des années 1970. Très perméable aux intérêts des transnationales de par sa composition et son fonctionnement, l’OCDE adopte en 1976 des principes directeurs à l’intention des entreprises transnationales [9]. Un document qui semble bel et bien avoir influencé, et adouci, le contenu de la Déclaration adoptée par l’OIT un an plus tard. Mis à jour à cinq reprises depuis, ce document se limite à établir des recommandations non contraignantes en matière de « responsabilité des entreprises dans la société » (travail, droits de l’homme, environnement, protection des consommateurs, etc).

En 2000, les transnationales ont réussi à faire adopter le Pacte mondial [10] dans le cadre de l’ONU, tuant dans l’oeuf les volontés de remettre à l’ordre du jour l’idée d’un droit international contraignant. Les Principes directeurs de l’ONU relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme [11], adoptés en 2011, ne sont guère plus contraignants. En se limitant à des principes volontaires et limités, les institutions internationales ont étendu le domaine de la « soft law » au détriment d’un droit juridiquement contraignant. Bien que nombreux, ces dispositifs ne sont pas dotés d’instrument de vérification indépendante et de sanction. La documentation accumulée sur le terrain au fil des ans montre qu’ils ne permettent ni d’assécher les violations des droits humains, du droit du travail et des normes environnementales, ni de les condamner lorsqu’elles sont avérées.

Vers un traité contraignant ?

Beaucoup de commentateurs critiques prétendent qu’un droit international contraignant serait trop complexe. Il semble au contraire que la complexité, bien réelle, de la mise en œuvre d’une juridiction contraignante au niveau international, pourrait être levée avec un peu de détermination. Il faut bien constater que ce sont les pays du Nord, où siègent 85 % des transnationales, qui répugnent le plus à un texte contraignant : États-Unis, Australie et Canada sont aux abonnés absents tandis que l’UE refuse de s’exprimer clairement et a tendance à poser des conditions qui ont pour fonction de bloquer ou retarder le processus de négociation.

C’est tout l’enjeu des prochaines échéances : obtenir que la France et l’UE se joignent à ce processus historique, sans le bloquer et sans en réduire la portée. Le tout dans la perspective d’obtenir enfin un Traité international permettant aux victimes de dommages causés par les transnationales d’avoir accès à la justice devant une cour internationale. Née pour pour désarmer les marchés financiers et les banques, Attac France a bien l’intention d’apporter sa pierre pour désarmer le pouvoir des transnationales [12].

 

 


Code du travail, CETA : une même logique, un même combat

Emmanuel Macron a affiché son intention de réduire drastiquement le code du travail dès le mois de juillet. Cette déconstruction doit se faire par ordonnances, pratique qui, après accord préalable du Parlement, permet de promulguer une loi sans aucun débat parlementaire. Pour le nouveau pouvoir, il s’agit d’aller encore plus loin que la loi El Khomri pourtant majoritairement rejetée par les Français.

Revenant sur les reculs que la mobilisation était parvenu à imposer au précédent gouvernement, c’est maintenant la définition de l’ensemble du droit du travail qu’Emmanuel Macron souhaite renvoyer aux accords d’entreprise. Ce compartimentage des négociations sera évidemment bien plus défavorable aux salarié·e·s, tout comme la volonté du nouveau président de plafonner les indemnités que devront verser les employeurs en cas de licenciement abusif.

Même si les deux sujets peuvent paraître éloignés, la possible ratification par la France du CETA, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada fait peser une menace supplémentaire sur les droits de salarié·e·s. Outre, les dangers dont il est porteur pour l’agriculture, les services publics, la santé, la protection des consommateurs, l’environnement ou le climat, son instauration entraverait gravement la possibilité d’un retour ultérieur à un droit du travail digne de ce nom.

Grace au CETA, toute entreprise multinationale pourra se servir du tribunal arbitral de l’ICS [1] pour attaquer des dispositions légales ou réglementaires risquant de d’entraver ou restreindre ses bénéfices, demander un dédommagement astronomique ou obliger la France à défaire ces dispositions. À l’avenir, même si un gouvernement progressiste ne se laisse pas dissuader par cette menace, il pourra voir son projet bloqué par l’organe de coopération réglementaire du CETA.

Attac France appelle ses adhérent·e·s à ne pas relâcher leur mobilisation contre ses deux projets ultra-libéraux en commençant par signer et faire signer largement autour de vous l’initiative citoyenne Stop CETA !
Je signe l’initiative Stop CETA !

Macron Président : ne laissons pas les banques et les multinationales diriger nos vies. Passons à l’Attac.

Dimanche 7 mai, Emmanuel Macron a été élu président de la République avec près de 66 % des suffrages. Cette victoire, en apparence large, est trompeuse. Le programme ultralibéral d’Emmanuel Macron ne dispose pas, en réalité, d’un véritable soutien populaire. Si nous ne le combattons pas, celui qui est déjà perçu comme le président des banques et des multinationales renforcera la crise sociale et écologique et donnera du grain à moudre à l’extrême-droite.

La victoire d’Emmanuel Macron n’a rien d’un triomphe. Il n’a été choisi que par 44 % des inscrit·e·s, moins sur son programme que pour faire barrage au Front national. L’abstention et le vote blanc sont à des niveaux historiques pour une élection présidentielle. 61 % des français·es souhaitent qu’il ne dispose pas de majorité à l’Assemblée nationale [1] et 70 % d’entre eux et elles à être opposé·e·s à une réforme du droit du travail par ordonnances [2]. Pourtant, Emmanuel Macron se dit déterminé à mettre en œuvre son programme ultralibéral.

Derrière cette victoire, le Front national signe un record électoral. Avec plus de 10 millions de voix, Marine Le Pen double le score obtenu par son père au second tour de l’élection présidentielle de 2002. Le FN réalise des scores importants chez les ouvrier·e·s, les employé·e·s, dans les zones rurales et les territoires sinistrés par la mondialisation libérale. L’extrême droite apparaît, pour beaucoup, comme une réponse à la violence du chômage, du travail précaire, des inégalités sociales. C’est un leurre dangereux. En désignant les étranger·e·s comme responsables de la crise, le FN ment et fait le jeu des 1 % les plus riches. En s’attaquant aux associations et aux syndicats, ce parti est un danger mortel pour toutes celles et ceux qui luttent pour les droits des salarié·e·s et des opprimé·e·s.

Qu’on se le dise : Emmanuel Macron, dernier avatar du néolibéralisme, ne sera pas un rempart au Front national. Au contraire, les mesures qu’il préconise risquent de renforcer l’extrême-droite. Le « président manager » entend « lever les blocages  » de notre économie en démantelant le droit du travail par ordonnance, en supprimant plus de 125 000 emplois publics, en signant l’accord commercial de libre-échange Union européenne-Canada (CETA), en remettant en cause des règles prudentielles bancaires établies après la crise financière ou en poursuivant les cadeaux aux grands actionnaires et aux entreprises. À cela s’ajoute le vide sidéral de son projet en matière de transition sociale et écologique, son soutien à l’Europe forteresse – au mépris de la solidarité avec les migrant·e·s – à une Europe de l’austérité au service des multinationales et non des peuples. Emmanuel Macron incarne toutes ces politiques que nous combattons depuis des années.

Les mouvements sociaux doivent porter un regard lucide sur les raisons de leurs échecs passés à faire obstacle aux politiques néolibérales et ne pas attendre 5 ans de plus pour construire un mouvement porteur d’espoir et d’alternatives face aux politiques inégalitaires et aux idées xénophobes de la préférence nationale.

Le président élu est l’ami de la finance, des banques et des multinationales. Les laisserons-nous organiser la concurrence fiscale, les délocalisations, la dérégulation du marché du travail qui ont des conséquences dramatiques sur la vie de millions de gens et servent de fond de commerce à l’extrême droite ? Les laisserons-nous bloquer toute législation qui ne leur serait pas favorable en matière de droits humains, de lutte contre l’impunité fiscale ou de transition sociale et écologique ?

Non ! Dans un récent rapport, Attac démontrait qu’il était possible de récupérer 200 milliards d’euros par an en s’attaquant directement au pouvoir des banques et des multinationales, de leurs dirigeant·e·s et de leurs actionnaires. Dans les mois à venir, Attac poursuivra la construction des convergences avec les acteurs·trices du mouvement social qui souhaitent reprendre l’offensive. Dès le 20 mai prochain, nous passerons de nouveau à l’action pour montrer le vrai visage de nos adversaires. Cet été, nous nous mobiliserons pour faire échec au « 49-3 par ordonnance » visant à démanteler le droit du travail.

N’attendez pas 5 ans de plus pour combattre les politiques libérales passées et à venir. Passez à l’Attac et participez à nos futures actions pour mettre hors d’état de nuire les banques et les multinationales prédatrices.
Et du 23 au 27 août, rejoignez-nous à Toulouse à l’Université européenne des mouvements sociaux pour construire ensemble les mobilisations et les actions de demain. C’est le moment !


Communiqué d'ATTAC au lendemain du 1er tour de la Présidentielle

Les résultats du premier tour de la présidentielle illustrent bien la crise politique et démocratique que connaît la France – comme d’autres pays – : les partis qui ont dominé la vie politique depuis 40 ans sont éliminés ; ils ouvrent une période de recomposition politique profonde. Ces résultats nous conduisent à voir s’affronter un tenant du libéralisme le plus décomplexé à la candidate d’une extrême droite qui met au cœur de son projet le racisme et la préférence nationale.

De « mon ennemi est la finance » à l’ami de la finance

Emmanuel Macron n’est en rien l’incarnation d’un renouveau de la politique. De François Bayrou à Manuel Valls, d’Alain Madelin à Laurence Parisot, sa candidature est le réceptacle de tous les promoteurs du libéralisme de ces dernières décennies. Or, ce sont ces politiques qui conduisent à l’augmentation de la pauvreté et des inégalités, à la désespérance sociale et in fine à la montée du Front national dans ce pays. Ce candidat zélé du libre-échange, ce défenseur de l’« ubérisation » de notre société et de la destruction définitive du code du travail, par les politiques qu’il veut mener, ne sera en rien un obstacle à la montée des idées de l’extrême droite dans les années à venir.

Il a décrété que la réglementation bancaire doit être allégée, que la taxe sur les transactions financières n’est pas une priorité, et que l’ISF ne doit pas être payé par les actionnaires car ceux-ci financent les entreprises. Son projet est de renforcer le contrôle des chômeurs, de défaire notre système de protection sociale et de renforcer les bases du système productiviste fondé sur la surexploitation du travail et de la nature.

 

Pas un Trump, un Orban ou un Erdogan en France !

Marine Le Pen, l’autre qualifiée pour le second tour est porteuse d’un autre héritage, celui de Vichy et de l’OAS, porteuse d’un racisme décomplexé à l’égard des étranger·e·s et des musulman·e·s, dont le projet est de s’attaquer à nos libertés publiques, à nos mouvements, associations, syndicats.

La victoire de Marine Le Pen aurait donc des effets désastreux pour toute perspective émancipatrice et toute dynamique progressiste. Tout d’abord, elle serait un stimulant très puissant pour les fractions les plus réactionnaires au sein de notre société. La Cinquième République est ensuite un régime qui permet à l’élu·e de bénéficier de pouvoirs incomparables à ceux du locataire de la Maison Blanche. Altermondialistes, nous savons combien l’accession au pouvoir d’un Trump ou d’un Orban a changé la donne pour les mouvements amis dans ces pays. La possible élection de Marine Le Pen serait un danger vital pour les libertés publiques et pour les mouvements sociaux. Elle ne serait en rien un coup d’arrêt au capitalisme financier et à sa violence. Elle créerait la pire des situations.

 

Le mouvement social dans sa diversité aura un rôle stratégique dans les mois à venir comme fer de lance des luttes contre les mesures anti-sociales et anti-écologiques du nouveau gouvernement.

Le résultat de ce 23 avril n’est malheureusement pas une surprise. Il n’y aura pas de changement majeur de politique sans bouleversement des rapports de force actuels et sans renversement des intérêts dominants, dont Macron est le représentant. La défaite de Manuel Valls aux primaires socialistes en janvier, le succès de la campagne de Jean-Luc Mélenchon qui atteint un score historique pour la gauche anti-libérale, sont les signes d’un rejet du néolibéralisme et porteurs d’espoir pour asseoir de nouveaux rapports de force. Mais surtout, ceci doit se construire dans les mouvements sociaux, dans lesquels Attac compte jouer un rôle important.

Les luttes sociales, démocratiques, féministes, antiracistes et écologiques seront porteuses de notre volonté de résister, et ce dès le 1er Mai. Des dynamiques positives existent dans notre société, nous devons avec d’autres, chercher à rendre visibles ces résistances et ces alternatives, par des actions citoyennes, la désobéissance civique et en favorisant les convergences. Dès aujourd’hui et dès le lendemain du second tour, nous participons et participerons aux mobilisations sociales face au nouvel ordre établi, aux multinationales et à la finance. Et l’Université d’été européenne des mouvements sociaux qui se déroulera à Toulouse du 23 au 27 août sera un temps fort pour faire entendre nos voix et travailler aux mobilisations nécessaires en France et en Europe.

Aucune expulsion à Notre Dame des Landes


Affirmons-le partout en France, le 16 janvier

 

La tenue à Paris de la COP21 a vu une forte mobilisation de la société civile et des militants pour la justice climatique, pour poser sur de bons rails les problèmes du réchauffement climatique. Attac a porté avec d'autres les moyens indispensables pour freiner ce réchauffement, en particulier le renoncement à l'extraction de 80 % des ressources fossiles, la lutte contre les paradis fiscaux pour récupérer l'argent nécessaire à la transition écologique et l'abandon de grands projets inutiles et imposés toujours plus fous.

Parmi ces GPII, le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes voit se multiplier les incitations à démarrer les travaux. Pour Notre-Dame-des-Landes, François Hollande avait pendant cette COP une excellente raison d'annoncer l'abandon définitif du projet, ou à tout le moins de réaffirmer son engagement, arraché par la lutte, à attendre le rendu de tous les recours avant tout début de travaux et toute expulsion. Non seulement il n'en a pas saisi l'occasion, mais le gouvernement a laissé de fait AGO/Vinci lancer une procédure en urgence (un référé-expulsion) contre les habitants et paysans les plus anciens, sous astreinte financière jusqu'à 1000 € par jour, mise sous séquestre des biens et cheptels. AGO/Vinci n'a pas pu obtenir satisfaction le 10 décembre, son avocat annonce vouloir relancer la procédure dès que possible, en janvier.

Il s'agit bien sûr d'une tentative grossière de préparer l'évacuation de la zone, et pour cela de diviser le mouvement en distinguant les « historiques » des « zadistes ». Le gouvernement n'a pas su voir un élément essentiel de la situation actuelle : le renforcement de la cohésion entre les différentes composantes du mouvement. Déjà en 2012, l'accueil à la Vache Rit des occupants des maisons détruites lors de l'opération César avait permis la tenue d'un QG pour la résistance, et tout à la fois exprimé et soudé la solidarité dans le mouvement. Cette cohésion grandi toutes ces années, et à nouveau lors de la tracto-vélo de Notre-Dame-des-Landes à Versailles avant la COP.

 

Attac appelle tous ses militant.e.s à affirmer la détermination du mouvement à s'opposer à toute expulsion, à tout début de travaux, par une mobilisation très importante

le 16 janvier, à Notre-Dame-des-Landes
et dans toute la France, en particulier en se rapprochant des comités de soutien.

 

Aucune expulsion d'aucun des occupants !

 

Pour les différentes modalités (en préparation) voir

https://www.acipa-ndl.fr/

 

https://zad.nadir.org/


Sortir de l'état d'urgence

En réaction à l’horreur des attentats, l’état d’urgence a été décrété par le gouvernement, puis aggravé et prolongé pour une durée de trois mois. Nos organisations ont immédiatement exprimé leurs craintes vis-à-vis de ce régime d’exception ;  ces craintes sont aujourd’hui confirmées par l’ampleur des atteintes aux libertés constatées depuis quelques semaines. Nous assistons à un véritable détournement de l’état d’urgence qui cible également des personnes sans aucun lien avec des risques d’attentat. Ces abus doivent cesser.

La volonté de se rassembler et de manifester ensemble a prévalu après les attentats commis à Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de Vincennes, en janvier 2015. Elle prévaut encore. Or, depuis le 13 novembre 2015, les interdictions visant les mobilisations sur la voie publique se multiplient. Manifester n’est plus un droit, et les rares concessions accordées par les préfectures, qui attendent souvent le dernier moment pour informer de leurs intentions, entravent dans les faits son exercice. 

Le ministère de l’Intérieur justifie tout cela par son incapacité à sécuriser les parcours alors même qu’il autorise, dans le même temps, les rencontres sportives et des événements tels que les marchés de Noël, qui se tiennent sur la voie publique. L’interdiction des rassemblements et manifestations entraîne la multiplication des arrestations, des gardes à vue, des assignations à résidence, un fichage policier des militants, et, pour quelques-uns,  des condamnations. Qui peut croire que cela soulage les autorités ?  La censure, ici, s’avère doublement contreproductive…

L’état d’urgence autorise par ailleurs des perquisitions sur ordre des préfectures, de jour comme de nuit, en dehors de tout cadre judiciaire, sur le fondement de fiches possiblement erronées, de dénonciations, d’informations et de soupçons sujets à caution. Plus de deux mille six cents intrusions discrétionnaires sont intervenues à domicile, dans des mosquées, des commerces, interventions souvent violentes, sans qu’aucune mise en examen pour terrorisme n’ait eu lieu. Rien n’indique qu’une telle frénésie va s’arrêter, chacun peut en être victime.

Les assignations à résidence se multiplient sur la base de motifs aussi vagues que la présence sur le lieu d’une manifestation ou le fait de « connaître » tel ou tel individu. Ces graves restrictions sont appliquées, sans distinction, et de manière massive, d’autant que les juridictions administratives ont montré qu’elles s’en accommodent, quitte à ce que les libertés en souffrent. Elles reprennent à leur compte toutes les allégations du ministère de l’Intérieur et, comble de la démission, sont nombreuses à considérer qu’il n’y aurait pas d’urgence à statuer sur l’état d’urgence.

L’état d’urgence et le climat de guerre intérieure alimenté par le gouvernement contribuent au renforcement des amalgames et aux pratiques discriminantes, notamment de la part des forces de police. Ce ne sont pas «  les terroristes qui sont terrorisés », ce sont des jeunes et des populations victimes de l’arbitraire en raison de leur origine et/ou de leur religion qui voient leur situation encore davantage fragilisée.

Reprenant à son compte les exigences de l’extrême droite, FN en tête, le gouvernement s’engage honteusement dans une modification de la Constitution visant à étendre la déchéance de la nationalité aux binationaux nés en France.  

Ces multiples atteintes portées au contrat démocratique sont une mauvaise réponse aux actes terroristes. Notre pays a été blessé, mais loin d’en apaiser les plaies, l’état d’urgence risque de les exacerber en appauvrissant notre démocratie, en délégitimant notre liberté. 

Dans ces circonstances, nous appelons les pouvoirs publics à :

- jouer leur rôle de garants de la défense des droits et des libertés publiques ;

- rétablir, sans délai, le droit plein et entier de manifester ;

- cesser les perquisitions et les assignations à résidence arbitraires et à agir dans le cadre de procédures judiciaires ;

- mettre en place des garanties effectives de contrôle ;

-  lever l’état d’urgence ;

- renoncer à une réforme constitutionnelle préparée dans l’urgence et au contenu inacceptable.

 

Signataires :

AFD International, Agir pour le changement démocratique en Algérie (Acda), Altertour, L'Appel des appels, Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (Acort), Association démocratique des Tunisiens en France (ADTF), Association française des juristes démocrates (AFJD), Association France Palestine solidarité (AFPS), Association Grèce France Résistance, Association interculturelle de production, de documentation et de diffusion audiovisuelles (AIDDA), Association des Marocains en France (AMF), Association pour la reconnaissance des droits et libertés aux femmes musulmanes (ARDLFM), Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Association des Tunisiens en France (ATF), Association des universitaires pour le respect du droit international en Palestine (Aurdip),  Attac, Cadac, Cedetim, Centre islamique Philippe Grenier (CIPG), Centre de recherche et d'information pour le développement (Crid), CGT-Police Paris, Collectif 3C, Collectif des 39, Collectif CGT Insertion-Probation (UGFF-CGT), Collectif Judéo Arabe et Citoyen pour la Palestine (CJACP), Collectif Stop le contrôle au faciès, Confédération générale du travail (CGT), Confédération nationale du logement (CNL), Confédération paysanne, Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal), Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), Collectif des féministes pour l’égalité (CFPE),  Collectif Memorial 98, Collectif des musulmans de France (CMF), Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), Comité pour le développement et le patrimoine (CDP), Comité pour le respect des libertés et des droits de l'Homme en Tunisie (CRLDHT), Commission islam et laïcité, Confédération syndicale des familles (CSF), Coordination de l’action non-violente de l’Arche (Canva), Coordination des collectifs AC !, Droits devant !, Droit au logement (Dal), Droit solidarité, Emmaüs France, Emmaüs International, Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH), Fédération nationale de la Libre pensée, Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives (FTCR), Femmes Solidaires, Filles et fils de la République (FFR), Fondation Copernic, Fondation Danielle Mitterrand France Libertés,  Genepi, Ipam, La Cimade, La Ligue de l'enseignement, La Quadrature du Net, Le Gisti, Le Mouvement de la paix, Les Amoureux au ban public, Les Céméa, Ligue des droits de l’Homme (LDH), Maison des potes, Mamans toutes égales (MTE), Minga-agir ensemble pour une économie équitable, Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), Observatoire international des prisons (OIP) - section française, Organisation de femmes égalité, Osez le féminisme !, Planning familial, Réseau d'alerte et d'intervention pour les droits de l'Homme (RaidH), Réseau éducation sans frontières (RESF), Réseau euromaghrébin culture et citoyenneté (REMCC), Réseau Euromed France (REF), Réseau Immigration Développement Démocratie (IDD), SNPES-PJJ/FSU, Solidaires étudiant-e-s, Solidarité laïque, Sud Intérieur, Syndicat des avocats de France (Saf), Syndicat français des artistes interprètes (SFA), Syndicat de la magistrature, Syndicat de la médecine générale, Syndicat national des arts vivants (Synavi), Syndicat national des journalistes (SNJ), Syndicat national unitaire interministériel des territoires, de l'agriculture et de la mer (SNUITAM – FSU), SNJ-CGT, Unef, Union générale des fédérations de fonctionnaires CGT (UGFF-CGT), Union juive française pour la paix (UJFP), Union nationale lycéenne (UNL), Union syndicale de la psychiatrie (USP), Union syndicale Solidaires, Union des travailleurs immigrés tunisiens (Utit).

Associations locales et autres :

Asti 93, Collectif 07 stop au gaz et huile de schiste, Collectif BDS Saint-Etienne, Collectif Justice & Libertés (Strasbourg), Collectif Maquis de Corrèze, Collectif Romeurope 94, la revue Ecole émancipée, Espace franco-algérien, Faucheurs volontaires de la Loire, le journal Regards, Réseaux citoyens Saint-Etienne, Vigilance OGM 18.




Octobre : mobilisation contre l'austérité, les traités de libre échange et le changement climatique

En Octobre, des marcheurs partiront des 4 coins de l'Europe vers Bruxelles. Nous encerclerons les puissants et leurs négociations secrètes durant le Sommet du Conseil Européen. Nous débattrons et manifesterons.


Entre le 1er et le 15 octobre

Marches européennes vers Bruxelles.

La marche espagnole devrait passer le jeudi 8 octobre à Marseille.

Jonction des marches espagnoles, italiennes et grecques le 9 octobre à Grenoble.

Jonction des marches précédentes avec celles d'Irlande et de Grande Bretagne le 12 octobre à Calais.

Le 14 octobre départ de la marche français en direction du Luxembourg où des actions contre les paradis fiscaux sont prévus.

Dans chaque ville-étape de la marche des débats seront organisés autour de l'Europe que nous voulons et notamment autour de l'un des 5 grands mots d'ordre de la marche ( - Droits sociaux et droits humains-Démocratie, dette et Grèce- Paradis fiscaux- Accords de libre échange-Climat)

Contact de la marche française : marches@attac.org


Jeudi 15 octobre

Arrivée des marches européennes à Bruxelles et encerclement du Sommet du Conseil Européen


Vendredi 16 octobre

Bruxelles : journée de conférences citoyennes européennes

Conférence citoyenne sur la dette

Les effets du dumping social sur nos sociétés

Justice fiscale et paradis fiscaux en Europe

TAFTA, CETA et autres accords de libre échange

La justice climatique exige un changement de système

Austérité et migrations

Conférence autour de la Journée mondiale de l'alimentation


Samedi 17 octobre

Manifestation européenne à Bruxelles


Aucun avenir ne peut être bâti sur les décombres de la Grèce

   L’Union européenne dans son ensemble et les dirigeants de la zone euro en particulier viennent de porter le coup de grâce au peuple grec, à la démocratie et aux bribes de légitimité qui leur restaient.


Coup de grâce au peuple grec


Au bout de six mois de pseudo-négociations, dix-huit chefs d’État ou de gouvernement, arcboutés sur les positions inflexibles des institutions créancières, ont obtenu la reddition du gouvernement grec, élu démocratiquement sur la base d’un programme souhaitant mettre un terme à l’austérité. Une austérité qui, depuis plus de cinq ans, a produit une chute du PIB de 27 %, un taux de chômage de près de 30 % et du double pour les jeunes, et la plongée de 45 % de la population en dessous du seuil de pauvreté.

Pourtant, vendredi 9 juillet, Alexis Tsipras avait présenté un programme de réformes conforme aux attentes maintes fois réitérées par l’ex-Troïka toujours à la manœuvre. Il acceptait notamment une amplification des privatisations (les ports de Pirée et de Thessalonique, les télécommunications), le départ à la retraite à 67 ans et 62 ans pour 40 ans de cotisations en 2020, la suppression des pré-retraites, et des excédents budgétaires primaires de 1 % en 2015, 2 % en 2016, 3 % en 2017 et 3,5 % à partir de 2018. Le gouvernement entendait toutefois sauvegarder les conventions collectives, la TVA à taux réduit sur les biens de première nécessité, les médicaments et l’électricité, et amorcer l’imposition des plus riches et des entreprises bénéficiaires et à gommer les avantages fiscaux des îles.

Ce n’était pas encore assez : au cours de ce week-end, les enchères sont encore montées de plusieurs crans en contrepartie d’un nouveau plan d’aide de 86 milliards sur trois ans. Et, aujourd’hui, le prétendu « accord de compromis » se solde par de nouvelles exigences, avec en « prime » un véritable hold-up sur les quelques biens publics grecs restants, puisqu’un fonds européen va se voir attribuer 50 milliards d’euros d’actifs les représentant, de façon à prendre sur eux des hypothèques iniques garantissant leur privatisation.

L’étranglement inexorable de la Grèce va donc se poursuivre : la purge austéritaire va détruire encore plus l’économie, l’allègement de la dette ne sera pas envisagé sinon aux calendes, les investisseurs étrangers prendront le contrôle de l’économie grecque… et les financiers continueront à percevoir la rente perpétuellement.

Coup de grâce à la démocratie

Depuis le 25 janvier, les choses sont claires : la bourgeoisie financière, ses représentants politiques et leurs porte-parole médiatiques n’avaient qu’un but en tête, celui de nier le choix d’un peuple d’essayer de prendre son destin en mains, et donc de tout faire pour déstabiliser un gouvernement démocratiquement élu. C’est un véritable coup d’État. En deux temps. D’abord, pendant que s’entretenait une illusion de concertation et de négociations, en ayant préparé en coulisses une éventuelle alternance politique avec les forces conservatrices et réactionnaires désavouées le 25 janvier. Ensuite, en utilisant le référendum du 5 juillet ayant exprimé la double volonté grecque de rester dans l’euro sans l’austérité pour en faire une arme de chantage supplémentaire : on ne peut rester dans l’euro sans abdiquer et sans passer sous tutelle des créanciers. L’obligation faite au gouvernement grec de soumettre toute initiative aux institutions place le pays dans une situation de tutelle aussi grande que celle des pires heures du colonialisme.


Coup de grâce à l’infime légitimité de la construction européenne


Il apparaît à l’évidence que, telles qu’elles sont construites, l’Union et européenne et l’Union économique et monétaire ne possèdent plus aucune légitimité autre que celle de satisfaire la loi des marchés financiers. Aujourd’hui, tout va dans le même sens : refus de mettre sous contrôle les banques faiseuses de crise, refus de procéder à des réformes fiscales justes, refus de s’orienter vers des transitions soutenables.

Par son audace depuis six mois, le peuple grec s’était rendu coupable d’oser remettre en cause le mantra libéral : il n’y a pas d’alternative. Il fallait qu’il plie et que les autres peuples sachent que leur sort serait identique en cas de velléité comparable. Les dignitaires de la finance et les technocrates de Bruxelles, de Francfort et de Washington ont raison sur un point : la confiance est définitivement rompue et leur construction est à mettre par terre. Il faut tout rebâtir de fond en comble : l’économie, la démocratie et des projets de véritable coopération entre les peuples. La mobilisation solidaire des peuples doit être notre objectif commun pour imposer une autre Europe et ne pas laisser le champ libre à la montée des nationalismes et des forces d’extrême-droite.


ATTAC France


Semaine d'action et appel : Non à l'ultimatum des créanciers oui à la démocratie !

Dans la soirée du 26 juin, Alexis Tsipras a annoncé son intention d’organiser un référendum sur le plan d’austérité imposé par les créanciers de la Grèce. Depuis, les pressions politiques et médiatiques se multiplient contre ce recours démocratique.

Face à ces intimidations inacceptables, nous disons « NON à l’ultimatum des créanciers, oui à la démocratie ! »

Dans la continuité de la semaine d’action européenne en soutien avec la Grèce, nous appelons, d’ici au 5 juillet, à « voter » symboliquement contre l’ultimatum des créanciers, en signant et en faisant signer l’appel ci-dessous, et en organisant partout en France des votations citoyennes symboliques et rassemblements ou manifestations.

Faire une bureau de vote est facile : une table, une urne et des tracts en guise de bulletins de vote. C’est l’occasion de discuter et d’inviter la population à voter, de manière symbolique, contre l’austérité et pour la démocratie en Europe !

À Paris, une grande manifestation est prévue jeudi 2 juillet 18 h 30 au départ de la place de la Bastille. Soyons nombreux !

Non à l’austérité ! Oui à la démocratie !


L’Europe est à la croisée des chemins. La Troïka ne cherche pas seulement à détruire la Grèce, elle s’en prend à nous tou.te.s. Il est grand temps de nous dresser contre le chantage des élites européennes.

Dimanche prochain, le peuple grec a la possibilité de refuser l’austérité, et de choisir la voie de la dignité, dans l’espoir d’une autre Europe. En ce moment historique, chacun de nous doit prendre position.

Pour nous : C’est NON à l’austérité, à la réduction des pensions de retraites et à l’augmentation de la TVA, C’est NON à la pauvreté et aux privilèges C’est NON au chantage et au démantèlement des droits sociaux

C’est NON à la peur et à la destruction de la démocratie.

Pour nous, c’est OUI à la dignité, à la souveraineté, à la démocratie, et à la solidarité avec les citoyen.ne.s grecs.

Il ne s’agit pas d’une histoire entre la Grèce et l’Europe, mais de deux visions de l’Europe : la nôtre, celle de la démocratie et de la solidarité, une Europe des peuples , sans frontières. Et la leur : celle du refus de la justice sociale et climatique, qui piétine la démocratie, qui s’attaque à la protection des plus vulnérables, et s’oppose à la taxation des riches.

Basta, Y’en a marre ! Une autre Europe est possible !

PETITION


Non à l'austérité! Oui à la démocratie!

 

 

L’Europe est à la croisée des chemins. La Troïka ne cherche pas seulement à détruire la Grèce, elle s’en prend à nous tou.te.s. Il est grand temps de nous dresser contre le chantage des élites européennes.

 

Dimanche prochain, le peuple grec a la possibilité de refuser l’austérité, et de choisir la voie de la dignité, dans l’espoir d’une autre Europe. En ce moment historique, chacun de nous doit prendre position.

 

Pour nous : C’est NON à l’austérité, à la réduction des pensions de retraites et à l’augmentation de la TVA, C’est NON à la pauvreté et aux privilèges C’est NON au chantage et au démantèlement des droits sociaux

C’est NON à la peur et à la destruction de la démocratie.

 

Pour nous, c’est OUI à la dignité, à la souveraineté, à la démocratie, et à la solidarité avec les citoyen.ne.s grecs.

 

Il ne s’agit pas d’une histoire entre la Grèce et l’Europe, mais de deux visions de l’Europe : la nôtre, celle de la démocratie et de la solidarité, une Europe des peuples , sans frontières. Et la leur : celle du refus de la justice sociale et climatique, qui piétine la démocratie, qui s’attaque à la protection des plus vulnérables, et s’oppose à la taxation des riches.

 

Basta, Y’en a marre ! Une autre Europe est possible !


Pour signer la pétition , cliquez ici


Monsieur Hollande, opposez-vous au coup d'état financier !

Communiqué d'ATTAC France du 27 juin 2015


En convoquant un référendum pour ou contre les exigences de l’Eurogroupe, Alexis Tsipras fait preuve d’un véritable courage démocratique. Depuis six mois le gouvernement grec a fait de multiples concessions mais refuse toujours de frapper les catégories populaires, déjà épuisées par cinq années d’austérité brutale. Depuis six mois François Hollande a participé au chantage contre la Grèce tout en prétendant jouer en coulisse le médiateur. Ce week-end à l’Eurogroupe la France doit enfin prendre position contre les mesures iniques et dévastatrices - hausse de la TVA et des cotisations sociales, baisse des retraites... - que l’Eurogroupe exige du gouvernement grec. Pour redonner à l’Europe sa boussole, la démocratie.



   La convocation du référendum donne leur véritable dimension aux négociations entre la Grèce et les institutions et gouvernements européens : la démocratie a-t-elle encore un sens en Europe ? Les Grecs, comme les Espagnols, les Italiens et tous les peuples de l’Union européenne, sont très majoritairement attachés à l’idée d’une construction européenne. Mais comme l’a dit Alexis Tsipras dans son allocution de vendredi soir, « une Europe sans démocratie est une Europe qui a perdu sa boussole ». En voulant imposer au gouvernement grec, au nom de la dette, de nouvelles mesures réduisant les revenus et les retraites des classes populaires, qui ont déjà chuté de 25% depuis cinq ans, la Troïka et l’Eurogroupe organisent en fait un coup d’état financier. Car Syriza s’est engagé devant les électeurs à interrompre le cercle vicieux déflationniste dans lequel les créanciers ont plongé la Grèce : un renoncement signerait le discrédit et la probable chute du gouvernement.

   Les créanciers font miroiter la reprise des financements (qui ne serviraient qu’à rembourser... les créanciers), tandis que pour renforcer la pression, la BCE menace de couper les financements à court terme qui maintiennent les banques grecques à flot dans cette période agitée.

   Comme l’a montré la Commission pour la vérité sur la dette grecque [1], cette dernière est insoutenable et très largement illégitime, voire illégale pour toute la partie contractée du fait des mémoranda imposés illégalement par la Troïka. Elle doit être immédiatement restructurée, pour que la Grèce retrouve les moyens de financer son économie et de se réformer profondément dans un sens égalitaire, écologique et citoyen.

   Comme l’a dit Alexis Tsipras hier, « l’Europe est la maison commune de nos peuples, une maison qui n’a ni propriétaires ni locataires ». Les Grecs se battent bien sûr pour eux-mêmes mais en même temps, et ils le proclament, pour tous les peuples européens soumis aux absurdes politiques d’austérité imposées par la finance. Si l’Eurogroupe de ce week-end débouchait sur un projet inacceptable pour la Grèce, le peuple grec aurait toute légitimité à le refuser et à en appeler à l’intervention des autres peuples d’Europe. Dans les jours qui viennent Attac sera partie prenante de toutes les initiatives de soutien à la Grèce et nous consacrerons la plénière d’ouverture de notre Université d’été, le 25 août à Marseille, à ce combat européen [2]

Télécharger
Synthèse du rapport préliminaire de la Commission pou la vérité sur la dette grecque
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Non à la surveillance généralisée

mardi 28 avril 2015, par Attac France, Collectif, Observatoire des libertés et du numérique (OLN)

Le 5 mai, les députés sont appelés à voter le projet de loi renseignement. Les débats ont eu lieu du 13 au 16 avril dans le cadre de la procédure d’urgence. A l’issue de cet examen, le texte soumis au vote consacre un dispositif liberticide, qui expose tous les citoyens à la surveillance des services de renseignement, quasiment sans contrôle, et met en danger toutes les mobilisations sociales et politiques.

  • légalisation massive des pratiques illégales des services de renseignement, permettant une surveillance large et très intrusive pour la vie privée des citoyens
  • extension du champ d’action du renseignement intérieur et extérieur, y compris dans des objectifs sans aucun lien avec le terrorisme
  • collecte généralisée des données sur Internet, traitées par des algorithmes
  • surveillance sans aucun contrôle des communications qui passent par l’étranger, alors que de très nombreux serveurs utilisés par des Français sont installés à l’étranger
  • conservation très longue des données collectées
  • contrôle des services de renseignement aux seules mains du pouvoir politique (premier ministre), avec avis consultatif d’une commission

La communication gouvernementale ne doit pas nous tromper : en fait d’encadrement, ce projet entérine les pratiques illégales des services et met en place, dans de vastes domaines de la vie sociale, des méthodes de surveillance lourdement intrusives. Le texte donne aux services de renseignement des moyens de surveillance généralisée comparables à ceux de la NSA dénoncés par Edward Snowden, sans garantie pour les libertés individuelles et le respect de la vie privée.

Tous les citoyens sont concernés : ce projet qui assoit encore davantage la criminalisation de l’action syndicale ou sociale est une menace pour les libertés politiques et les mobilisations à venir. La liberté et la sûreté, droits naturels et imprescriptibles reconnus par la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen sont en péril.

Citoyens et parlementaires doivent refuser ce simulacre de débat et exiger une discussion démocratique protégeant chacun contre les dérives d’une société de surveillance et assurant un contrôle strict et indépendant de l’activité des services de renseignement.

L’Observatoire des libertés et du numérique (OLN) vous appelle à amplifier le mouvement de contestation actuel contre ce projet de loi, en nous rassemblant nombreux le lundi 4 mai 2015 à 18h, place de la République à Paris.

Rassemblement à Paris le lundi 4 mai 2015 à 18 h place E Herriot ou Esplanade Invalides.

Signataires (27 avril)

OLN (Cecil, Creis-Terminal, LDH, La Quadrature du Net, Syndicat de la magistrature, Syndicat des avocats de France) – Attac – Amnesty International – Mrap – CSF – CGT – CGT Police Paris – DAL – Fondation Copernic – Genepi – SNPES/PJJ – SNEPAP/FSU – SUD – Solidaires – SNJ – SNJ/CGT – SNUCLIAS/FSU


Blockoccupy : contre la BCE, symbole arrogant de l'austérité, une démonstration réussie de solidarité.

vendredi 20 mars 2015, par Attac France


Ce mercredi 18 mars, le mouvement Blockupy a réussi sa grande manifestation à Francfort à l’occasion de la cérémonie d’inauguration de la Banque centrale européenne (BCE). Des milliers de citoyen⋅e⋅s sont venus de toute l’Europe à Francfort pour exprimer leur opposition à la politique mortifère de la BCE et rappeler qu’il n’y a rien à célébrer dans l’austérité.

Les participant⋅e⋅s ont commencé au petit matin par encercler la tour flambant neuve de la BCE, qui a coûté aux contribuables européens la modique somme de 1,3 milliard d’euros - pour un budget initial de 850 millions d’euros. La rigueur budgétaire n’est donc pas de mise pour tout le monde… Cette action symbolique contre la tour de la BCE transformée en bunker entouré par des barbelés et par quelques 6 000 policiers, a réussi à montrer ce qu’est réellement la BCE : une institution anti-démocratique, coupée des peuples, symbole du pouvoir de la finance en Europe. Une institution qui dès le 4 février a utilisé l’ arme monétaire pour asphyxier la Grèce afin de contraindre son gouvernement à renoncer à la volonté exprimée par le peuple grec d’abandonner l’austérité.

La mobilisation du 18 mars a été l’occasion d’échanges et d’expressions publiques des nombreux mouvements et organisations qui composent Blockupy : associations, syndicats, membres de partis politiques et personnalités se sont succédés devant une une place de Francfort transformée en agora. Ils ont rappelé que c’est l’Europe de l’argent, de l’austérité et de la concurrence, symbolisée par la BCE, qui a conduit au désastre actuel.

À l’ombre des tours de la BCE, cette mobilisation a clairement affirmé que le conflit n’oppose pas l’Europe ou l’Allemagne à la Grèce mais l’Europe des puissants et des 1 % à l’Europe des peuples, rappelant que le combat des Grecs est celui de tous les européens et affirmant qu’une autre Europe, solidaire, sociale et écologique, est en marche.

Les Attac d’Europe se sont fortement mobilisés pour cette journée d’action et de débats qui s’est terminée par une grande manifestation dans le centre de Francfort : plus de 20 000 personnes ont pris part à une marche colorée placée sous le signe de la solidarité entre les peuples.

Contrairement aux phrases et images sensationnelles relayées, dès le matin, par la plupart des médias, qui ont monté en épingle des dégradations matérielles limitées, la violence n’était pas de notre côté. Le rassemblement populaire organisé par Blockupy s’est déroulé dans un esprit pacifique, festif et fraternel. Ce que Naomi Klein a rappelé dans les rues de Francfort ce mercredi : « J’ai un message spécial pour la BCE aujourd’hui : vous êtes les vrais vandales, mais vous travaillez à une échelle beaucoup plus grande. Votre vandalisme est de dimension planétaire. Vous ne mettez pas le feu aux voitures, c’est le monde entier que vous incendiez ». Blockupy a envoyé un signal fort d’espoir et de solidarité pour tous les mouvements en Europe qui œuvrent à la justice sociale et écologique.

A voir : les images que les médias ont oublié de vous montrer


Loi biodiversité et compensation écologique : vers la privatisation de la protection de la nature ?

mercredi 18 mars 2015, par Attac France, Collectif

   Le projet de loi sur la biodiversité, actuellement discuté à l’Assemblée Nationale, prévoit d’instituer des « obligations de compensation écologique ». C’est-à-dire la possibilité de remplacer ce qui est détruit à un endroit par un bout de nature supposée équivalent à un autre endroit. Déplacement des espèces protégées, reconstitution de nouvelles zones humides : tout serait-il « compensable » ? Ce projet généralise la création de banques de biodiversité et donne les clés de la protection de la nature à des entreprises privées, dénoncent des associations. Il institue également un « droit à détruire », facilitant le développement de nouveaux grands projets inutiles, comme à Sivens et Notre-Dame-des-Landes.

   La compensation écologique est au cœur des projets les plus destructeurs et controversés, tels que le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, de barrage de Sivens ou de Center Parc en forêt des Chambaran (Isère). Ces projets menacent de détruire des habitats naturels exceptionnels et la biodiversité qu’ils abritent. Pour s’acquitter de ses engagements à enrayer la perte de la biodiversité, l’État exige généralement de l’aménageur qu’il « compense » la destruction prévue par la restauration ou la préservation de nature ailleurs.


   De nombreux travaux scientifiques soulignent l’échec de la majorité des mesures compensatoires pour lesquelles nous disposons d’un recul suffisant, et l’impossibilité de recréation de milieux constitués au fil des siècles : on ne remplace pas un arbre vieux d’un siècle par dix arbres âgés de dix ans ou une prairie naturelle ancienne par un pré saturé en nitrates ! Creuser des mares, planter quelques arbres, fabriquer des refuges pour espèces protégées, déplacer les espèces menacées font désormais partie de l’appareillage technico-juridique permettant d’afficher un impact limité sur la biodiversité.


   Sivens, Notre-Dame-des-Landes et bien d’autres projets ont donné l’occasion à des naturalistes et des experts scientifiques de démontrer la faiblesse intrinsèque des mécanismes de compensation et leur incapacité à conserver la biodiversité. Pourtant, le projet de loi actuel consacre et généralise la compensation – là où la loi de 1976, sur la protection de la nature, ne faisait que la mentionner sans véritables suites. Avec le risque qu’elle serve de dérivatif facile et généralisé aux étapes visant à éviter et réduire les dégradations écologiques.

Si les conditions d’équivalence entre les dégradations écologiques et les mesures de compensation ne sont pas précisées par le projet de loi, les outils disponibles pour mener cette compensation sont, eux, intronisés, malgré de fortes réserves de la communauté scientifique [1].


La nature « mise en banque » ?

   Le maître d’ouvrage d’un projet pourra réaliser des actions de compensation écologique de sa propre initiative, sur son terrain ou le terrain d’autrui. Il pourra également recourir à un « opérateur de compensation », et/ou contribuer au financement d’une « réserve d’actifs naturels », lui permettant de se libérer de ses obligations en contribuant financièrement à ces opérations. C’est sous l’intense lobbying mené par la CDC Biodiversité, filiale de la Caisse des dépôts et consignations, que l’article 33 C du projet de loi introduit la notion de « réserves d’actifs naturels » dans le droit français.

Ces banques d’un nouveau genre mènent des projets de restauration de biodiversité qu’elles transforment ensuite en « actifs naturels ». Le plus grand arbitraire préside, bien sûr, comme on l’a vu dans le cas de Notre-Dame-des-Landes, aux calculs qui conduisent à compenser des mares et les amphibiens qui y vivent par des prairies artificielles. Pour justifier leurs projets devant les pouvoirs publics, les aménageurs n’ont plus qu’à faire appel à ces banques d’actifs constituées ex ante et leur acheter quelques « actifs » biodiversité.


   Ce projet de loi généralise l’utilisation de banques de biodiversité sur le territoire français et donne les clés de la protection de la nature à des entreprises privées, alors que ce modèle est loin d’avoir prouvé son efficacité écologique depuis deux décennies d’existence aux États-Unis [2].


Un droit à détruire ?

Les banques et multinationales voient la nature qui se raréfie comme un nouvel eldorado à conquérir et à privatiser, et avancent pour cela une double promesse. La promesse, jamais vérifiée, de remplacer ce qui est détruit à un endroit par un bout de nature supposée équivalent à un autre endroit. Et la promesse de pouvoir poursuivre la construction de nouvelles infrastructures, tout en préservant la nature, alors qu’un département de terre agricole et naturelle disparaît tous les sept ans.

Mesdames et Messieurs les députés, ne laissez pas la finance et les bulldozers dénaturer nos paysages et notre biodiversité !

Association signataires

Action Nature et Territoire en Languedoc-Roussillon (AcNaT), Aitec, Attac, Fern, Naturalistes en lutte, NAture et CItoyenneté en Crau Camargue et Alpilles (NACICCA).

Pour aller plus loin

Les organisations Aitec-IPAM, Attac France, Bretagne Vivante SEPNB, FERN et NAture et CItoyenneté en Crau Camargue et Alpilles (NACICCA) demandent aux députés de rejeter les articles 33 A, B et C du projet de loi relatif à la biodiversité, en première lecture à l’Assemblée nationale à partir du 15 mars, qui instituent des « obligations de compensation écologiques » et des banques « d’actifs naturels ». Explications dans ce document de 4 pages.


Photo : Espace des sciences, licence Creative Commons BY-SA 2.0.


Notes

[1Le Conseil Scientifique de la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité, dans ses recommandations toutes récentes sur le projet de loi a conclu «  à une grande prudence quant à l’incitation à la mise en place de mesures compensatoires, voire de marchés de compensation  » (Lire ici). Voir aussi aussi la vive critique des méthodologies de la compensation à Notre-Dame-des-Landes par le Conseil National de Protection de la Nature et le Collège d’experts scientifiques.

[2Plus d’une centaine d’organisations environnementales et citoyennes du monde entier ont récemment signé une déclaration «  Non à la compensation biodiversité  » (à lire ici).

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Victoire de Syriza: communiqué d'ATTAC

Attac se félicite de la victoire historique de Syriza aux élections législatives en Grèce, dans un contexte de fortes résistances populaires et de grèves. Le peuple grec subit depuis 5 ans les brutales politiques d’austérité de la Troïka, à l’origine d’une terrible crise sociale et humanitaire. Il tourne aujourd’hui une nouvelle page en Europe. Sa victoire est aussi celle des mouvements qui luttent au Portugal, en Espagne, en Italie, en Irlande et dans toute l’Europe contre ces politiques iniques qui épargnent les banques et la finance, et écrasent les populations.

Des pressions scandaleuses avaient déjà été exercées avant les élections par les dirigeants européens – dont Pierre Moscovici, commissaire français – contre les légitimes aspirations démocratiques à un changement radical en Grèce. Le nouveau gouvernement sera confronté à des pressions considérables de la part des marchés, des institutions et gouvernements européens. Il devra faire valoir le mandat clair que lui a confié le peuple grec, pour rompre avec l’austérité criminelle imposée par la Troïka.

Il pourra aussi s’appuyer sur la pression populaire et les mouvements sociaux en Grèce et dans toute l’Europe, qui ne laisseront pas les politiciens et financiers éteindre l’espoir démocratique d’un peuple. Attac y prendra sa part. Nous avons déjà démontré comment 77 % des fonds débloqués pour les « plans de sauvetage » de la Grèce sont allés à la finance [1]. Nous proposons de mettre l’expertise du collectif français pour un audit citoyen à disposition de la Grèce dans le cadre d’un possible audit citoyen de la dette grecque et nous soutiendrons l’initiative d’une conférence européenne sur la dette.

Face au chantage à la dette qui commence d’ores et déjà à s’exprimer, il est essentiel de rappeler que les dettes insoutenables et illégitimes n’ont pas à être payées. Les renégocier est une condition nécessaire pour que l’Europe sorte de la crise écologique, sociale et démocratique dans laquelle elle s’enfonce depuis trop longtemps. Il est temps d’ouvrir de nouveaux horizons !