Attac est engagée dans des actions communes avec associations, syndicats et partis pour exiger une politique ouverte de l’immigration. Dans ce combat, Attac a un rôle spécifique d’éducation populaire à jouer. En effet, la question des réfugié·e·s s’inscrit dans le cadre de la crise globale d’un monde dominé par le capitalisme financier, thème fondateur d’Attac. Son combat altermondialiste est intimement lié à la lutte pour la liberté d’aller et venir, à la solidarité avec les migrants afin d’arrêter la déshumanisation à l’œuvre dans le monde.
Les USA, la France, le Royaume-Uni sont parmi les cinq principaux exportateurs d’armes. Des conflits sont instrumentalisés par des grandes puissances, dont la nôtre, pour le contrôle de régions stratégiques. Ils dévastent des pays entiers et déstabilisent des États où, maintenant, des bandes armées font la loi. Beaucoup de conflits sont liés au contrôle des réserves pétrolières. La fin de l’exploitation des éner- gies fossiles et l’utilisation d’énergies renouvelables accessibles à tous permettraient de réduire certains conflits avec des effets bénéfiques sur le climat, la pollution, la santé. Les multinationales cherchent également à mettre la main sur les matières premières minérales et végétales. Le commerce équitable peut être un outil contre l’émigration contrainte si les paysans sont maintenus sur leurs terres avec des conditions de vie dignes. Ainsi se résoudrait un grand nombre de problèmes d’accès à l’eau, à l’énergie, à la santé et à l’éducation.
Attac combat les accords de libre-échange (TAFTA, CETA) et, en Afrique, les Accords de partenariat économique (APE), entre l’Union européenne et les pays africains, qui ont une grande responsabilité dans la destruction de ces économies, en particulier des agricultures.
En mai 2017, le nouveau Président de la République aura la responsabilité de définir les axes de la politique d'accueil de la France à l'égard des réfugiés.
Aujourd'hui, malgré l'affichage d'une politique d'accueil (augmentation des places en Centres d'accueil pour demandeurs d'asile - CADA -, création de places d'hébergement pour les exilés du bidonville de Calais, centre humanitaire de Paris), la France applique depuis de nombreux mois une politique d'expulsion massive de ses demandeurs d'asile grâce aux rouages du règlement Dublin III.
Les collectifs, associations et citoyens solidaires, atterrés de ce double discours et dénonçant avec force le règlement Dublin, demandent aux candidats à la Présidence de la République de sortir du silence.
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C'est la règle européenne prévoyant qu'un réfugié potentiel doit demander l'asile dans le premier pays européen où il pose le pied, sauf quelques exceptions (membre de famille déjà présent dans un Etat membre, par exemple, ou risque de mauvais traitements dans le premier pays d'accueil...). La preuve de son passage dans un pays européen est généralement constituée par l'enregistrement de ses empreintes digitales dans le fichier Eurodac. Cette prise d'empreinte est très souvent obtenue par la contrainte ou la force.
A lui seul, ce signalement Eurodac justifie l'application aux demandeurs d'asile d'une procédure dite « dublin », au terme de laquelle ils peuvent être renvoyés dans le premier pays européen traversé. Dans la logique de cette procédure, les personnes sont renvoyées sans avoir jamais l'occasion d'exposer les raisons de leur venue en France.
Actuellement, cette procédure permet de faire obstruction à 70 à 90 % des demandes d'asile, et justifie une politique d'expulsion (dites « transferts ») massive.
Le règlement Dublin III est un prétexte au non-accueil.
L'application de la procédure Dublin n'est pas obligatoire, les Etats sont libres d'examiner les demandes d'asile de toute personne. C'est le choix
inverse qui a été fait par la France : dans une lettre d'instruction de juillet 2016, le Ministre de l'Intérieur a explicitement ordonné aux préfectures d'appliquer
systématiquement la procédure Dublin aux personnes signalées dans Eurodac et d'augmenter le nombre de renvois effectifs. L'ordre a été rigoureusement respecté par les préfets,
puisque les renvois Dublin ont augmenté de 150 % entre 2015 et 2016.
Le règlement Dublin III précarise les populations primo-arrivantes.
Les personnes dites « dublinées », même quand elles ne sont pas assignées à résidence, font l'objet tout au long de la procédure de
diverses convocations. Si elles ne s'y présentent pas, elles sont dites « en fuite » : elles perdent le bénéfice de leurs droits de demandeur d'asile, à savoir une
allocation de subsistance et un hébergement, et doivent attendre 18 mois pour reformuler une demande d'asile en France. Elles vivent également sous la crainte perpétuelle d'être
arrêtées, placées en centre de rétention et renvoyées. Cette situation socio-économique, induite par les pratiques préfectorales déloyales encouragées par le gouvernement, est un terreau idéal
pour les réseaux d'exploitation, de travail au noir, de mendicité.
Le règlement Dublin III fait peser toute la pression migratoire sur les pays du Sud et de l'Est de l'Europe.
Les demandeurs d'asile arrivent dans les pays qui ont les capacités d'accueil les plus modestes : ceux du Sud et de l'Est. De cette manière,
les pays de l'Ouest s'exonèrent de toutes leurs responsabilités, et laissent quelques pays se débattre avec ce que l'UE appelle « la charge » migratoire. Quitte à exposer les réfugiés à
de graves atteintes au droit d'asile, à l'enfermement systématique ici, des violences ailleurs.
Abandonnés dans l'accueil des réfugiés, ces quelques États frontaliers fournissent alors un bon argument pour dire « On ne peut pas accueillir
les réfugiés ! Regardez comme cela se passe mal ! »
Le règlement Dublin III permet le renvoi vers des pays où ne sont respectés ni le droit d'asile ni les autres droits
humains.
Les dublinés ne refusent pas leur transfert vers d'autres pays par caprice, mais bien parce qu'ils craignent à raison que leurs droits n'y soient
pas respectés. Plusieurs pays européens sont en effet pointés du doigt tant par les ONG que par des institutions :
Le règlement Dublin III porte les germes du déni d'accès au droit.
Il existe d'énormes inégalités dans le traitement des demandes d'asile d'un Etat européen à l'autre. Selon sa nationalité, et selon les périodes,
les chances pour un demandeur d'asile d'être reconnu réfugié varient selon les pays de 80 % à 50 % voire 3 % ! Le règlement Dublin empêche de reformuler une demande d'asile
ailleurs : ainsi, non seulement il empêche le choix du pays d'arrivée, mais il ne laisse aucune seconde chance.
Le règlement Dublin III permet la sous-traitance des renvois massifs vers les pays d'origine.
Les renvois Dublin permettent aux États du Nord et de l'Ouest de l'Europe de s'exonérer complètement de leurs responsabilités vis-à-vis des
demandeurs d'asile. La notion de « pays sûr » n'est pas homogène en Europe : s'il n'est par exemple pas dans les pratiques en France de renvoyer des personnes en Afghanistan, ça
n'est pas le cas pour la Norvège, la Belgique, la Croatie ou l'Allemagne. Lorsque la France transfère ses « dublinés » vers ces pays, elle ferme les yeux sur leur avenir. Il n'est
d'ailleurs pas rare que les Etats européens se renvoient plusieurs fois des personnes jusqu'à ce que l'un d'eux décide d'une expulsion, y compris vers un pays en guerre. Ces renvois ne sont pas
anecdotiques :
Lorsque des réfugiés arrivent sur son territoire, la France effectue un tri absurde et injustifié entre les « bons réfugiés », et les « dublinables ». Pour des raisons géographiques évidentes, mais aussi du fait des sanctions infligées aux entreprises de transport, il est devenu quasiment impossible de venir demander l'asile en France sans passer par un autre pays européen. Echapper au règlement Dublin III relève du hasard et de la chance.
Ce tri permet à la France d'afficher une politique d'accueil ne concernant qu'une minorité des demandeurs d'asile, tout en pratiquant une politique brutale de renvoi et d'obstruction au droit d'asile.
Une autre voie est pourtant possible, plus conforme aux valeurs de notre pays dont le futur Président de la République sera le garant.
L'article 17 du Règlement de Dublin III précise :
(17) Il importe que tout État membre puisse déroger aux critères de responsabilité, notamment pour des motifs humanitaires et de
compassion, afin de permettre le rapprochement de membres de la famille, de proches ou de tout autre parent et examiner une demande de protection internationale introduite sur son territoire ou
sur le territoire d’un autre État membre, même si cet examen ne lui incombe pas en vertu des critères obligatoires fixés dans le présent règlement.
Cet article a été repris dans la Constitution française, dont l'article 53-1 précise :
[…] Toutefois, même si la demande n'entre pas dans leur compétence en vertu de ces accords, les autorités de la République ont toujours le droit
de donner asile à tout étranger persécuté en raison de son action en faveur de la liberté ou qui sollicite la protection de la France pour un autre motif.
Développer une politique effective d'asile et d'accueil est donc une question de choix politique.
Les collectifs réunis demandent aux candidats à la Présidence de la République :
Les collectifs réunis demandent également aux candidats de s'engager à une politique d'asile effective :
Les organisations signataires :
Association KÂLÎ
ATTAC Paris Centre
ATTAC 19/20
CGT Paris
Collectif 20e Solidaire avec Tous les Migrants
Collectif ARDA
Collectif Austerlitz
Collectif Migrants Bienvenue 34
Collectif Solidarité Migrants 19e
Collectif thé et café pour les réfugiés
Europe Ecologie - Les Verts
Ensemble
GISTI